Étonnant de songer que la viande de chèvre est la plus consommée à l’échelle planétaire lorsque l’on constate qu’elle est peu commune dans l’assiette des gastronomes québécois. Deux entreprises abitibiennes en produisent pourtant en partenariat depuis un peu plus d’un an. En effet, Clari Ferme et Fromabitibi, agroproducteurs de Macamic, ont choisi d’explorer le marché de la viande caprine en région.
L’offre est venue de Guillaume Lemieux, propriétaire de Fromabitibi, qui n’arrivait pas à rentabiliser ses chevreaux mâles. C’est qu’il utilise exclusivement les femelles pour la production de fromage de chèvre, et que les mâles occasionnaient par le fait même un certain fardeau financier. Sa nouvelle collaboration pallie maintenant ce souci puisqu’il les vend désormais à Réjeanne Veillette et à son conjoint Bernard Plante, propriétaires de Clari Ferme, qui élève les chevreaux jusqu’à l’abattage. Ces nouveaux arrivants à la ferme ont obligé le couple à s’adapter. Eux qui se spécialisaient dans la production bovine ont dû revoir l’aménagement de certains espaces, notamment en abaissant les mangeoires et les abreuvoirs à la hauteur des animaux.
Actuellement, la viande est vendue principalement à des restaurateurs et gagne à être découverte lors des marchés publics et certaines fêtes de village, tenus l’été. Elle a même déjà conquis quelques clients, chez qui les propriétaires de Clari Ferme livrent régulièrement leur marchandise. Réjeanne Veillette est consciente que son produit est encore méconnu, mais persiste à saisir des occasions d’affaires et à promouvoir le goût savoureux de sa viande. « En fait, c’est une viande maigre, comparable à l’agneau. Souvent, les gens sont hésitants, mais lorsqu’ils osent, ils ne le regrettent pas », estime-t-elle. La productrice consent toutefois que cela représente un véritable défi : si les viandes de bœuf et de porc font partie de la culture alimentaire des gens de la région, la cuisine à partir de viande de chevreaux demeure une avenue inexplorée.
La saison estivale s’annonce cependant prometteuse puisque le couple a tiré des leçons de son expérience de commercialisation de l’an précédent. Ils connaissent mieux le défi qu’ils se sont lancé et connaissent le potentiel de marché, surtout au niveau de la restauration. \