Il est des personnes dont le contact nous rend meilleurs. Jacqueline Plante était de celles-là : son rire contagieux, sa voix douce et réconfortante, son ouverture aux arts nous donnaient le goût de faire mieux et plus. Elle est décédée à Sherbrooke, sa région natale, en juillet dernier. Elle avait apprivoisé la mort et refusé tout traitement excessif de son cancer pour partir avec sérénité et en paix.
Cette « acheteuse compulsive » ne pouvait entrer dans une galerie d’art ou dans une exposition sans ressortir avec une œuvre coup de cœur. L’énorme collection laissée à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue témoigne de son attachement aux arts visuels, non pas tant pour accaparer l’œuvre, mais par amour de l’œuvre elle-même et de l’artiste. Elle possédait avant tout la finesse du cœur qui fait le grand collectionneur.
Cette « artiste compulsive » aimait créer d’abondantes séries sur un même thème. Il n’y a qu’à voir la superbe murale créée par Rock Lamothe à l’entrée de l’UQAT à partir de ses tulipes pour s’en convaincre aisément. Elle les a plantées de toutes les façons, en peinture, en gravure, en bois. On soupçonne même qu’elle avait privilégié la gravure parce qu’elle lui permettait de multiplier jusqu’à satiété ses thèmes favoris. Et que dire de ses chaises achetées par dizaines, voire par centaines, qu’elle retravaillait pour leur donner un contenu artistique! Nous nous assoyons littéralement sur sa créativité!
Cette « aidante compulsive » n’avait de cesse de rendre service. Elle affectionnait particulièrement ses étudiants, elle exigeait beaucoup d’eux, mais pour mieux faire surgir chez eux leur créativité, pour canaliser leurs forces. Elle savait les orienter d’une main de maître avec beaucoup de générosité. Et puis, elle achetait de leurs œuvres, autant pour se faire plaisir que pour aider les jeunes à vivre de leur art.
Cette « mécène compulsive » vaut à l’UQAT de posséder la plus grande collection d’œuvres d’art qui ait existé dans une université au Canada. L’excellent documentaire produit par Dominic Leclerc à l’occasion de la remise de cette donation nous montre une mécène faisant état de ses acquisitions en toute simplicité, sans ostentation et surtout amoureuse des œuvres acquises. Aujourd’hui, la région bénéficie de ses largesses et de son amour de la beauté. Merci, Jacqueline, d’avoir été notre amie. \