Je publiais récemment un plaidoyer pour des événements à échelle humaine, où je remettais en question cette tendance à établir une corrélation directe entre le nombre de spectateurs à une activité et le succès et même la pertinence de celle-ci. Certes, les bilans quantitatifs tiennent leur importance lorsqu’il est question de manifestations populaires ayant comme mission première de fédérer le grand public. Toutefois, il existe aussi d’autres types d’événements dont l’atteinte des objectifs fondateurs ne se mesure pas uniquement selon un rapport de billetterie. C’est le cas du Festival de cinéma des gens d’ici (FCGI), dont la programmation, qui s’échelonnera du 24 au 27 septembre prochain, épouse de fort nobles mandats tels que le soutien d’une création cinématographique régionale et le développement des publics, voire l’initiation au cinéma indépendant.

Vues d’ici

Vues d’ici est en quelque sorte l’événement phare du FCGI. Il vise à stimuler la création des réalisateurs de la région en leur offrant un appui dans leur production, ainsi qu’une vitrine. Il est intéressant de savoir qu’en plus de leur verser un cachet, le FCGI met à la disposition des créateurs participants des mentors ainsi qu’un équipement de tournage de haute qualité digne d’Hollywood! Ce dernier a pu être acquis grâce à l’Entente de partenariat régional en tourisme et des investissements des CLD de Rouyn-Noranda, de la Vallée-de-l’Or, de 08 Cinéma indépendant et du festival lui-même. Parallèlement, les maigres revenus générés à chaque édition ont été réinvestis dans le projet d’acquisition d’équipement et des prêts ont également été contractés par l’organisme qui prévoit les rembourser grâce à des locations, comme ce fût le cas lors du dernier tournage de Philippe Falardeau à Val-d’Or. L’organisme approche sa mission avec un angle obtus en réinjectant ses profits dans un projet qui devrait contribuer à moyen terme à embraser le milieu cinématographique d’ici, ce qui constitue un modèle d’affaires tout à fait audacieux et structurant.

Pour revenir plus spécifiquement aux Vues d’ici, Serge Bordeleau, président du FCGI, spécifie que toutes les formes de création y sont encouragées, sans limites par rapport au temps de création ou au genre. Seule la contrainte de la thématique est prescrite puisque chaque année, « le FCGI souhaite permettre aux spectateurs de poser un regard neuf sur notre région et sur différentes questions de société, avec des mots et des images qui puissent à la fois émouvoir et faire réfléchir ». On fait le pari que les films produits en région – et qui sont largement sous-représentés dans le flux de productions audiovisuelles québécoises – peuvent nous en apprendre sur nous-mêmes tout en intéressant les gens de l’extérieur. Ainsi, le rayonnement extérieur des œuvres cinématographiques issues des Vues d’ici – citons en exemple Petit Simon d’Émilie Villeneuve, présenté en 2013 au FCGI, qui s’est rendu à Cannes l’année suivante! – représente un bon étalon de mesure du succès de l’initiative.

En 2015, la thématique retenue pour lesVues d’ici est « la route » qu’on décrit poétiquement comme « une trace d’humanité ». Ce sont Éric Morin, François Charette, Marie-Josée Sévigny, David Ferron, Julie Dallaire et Pierre-Etienne Bordeleau qui présenteront leur création originale le samedi 26 septembre. Aussi, deux films du Wapikoni mobile seront sélectionnés pour faire partie de la programmation de la soirée, en plus d’un assortiment de time-lapses de Jonathan Levert.

Les p’tites vues

À l’instar du FME et du FRIMAT, le Festival de cinéma des gens d’ici propose une activité familiale contrastant les traditionnels jeux gonflables avec Les p’tites vues. Depuis quelques éditions, le dimanche matin du festival, on invite parents et enfants à venir à la salle de cinéma locale se faire surprendre par une série de courts-métrages. Il est intéressant de permettre aux familles de s’exposer bien sûr à un cinéma d’auteurs, mais également à la forme du court-métrage, qui offre quelque chose d’unique. La cadence et la diversité des films permettent de soutenir l’attention des enfants et aux adultes de s’imprégner d’univers variés et d’opiner aux différentes réflexions que ces propositions suscitent. Pour les parents de jeunes enfants, Les p’tites vues peuvent représenter une magnifique opportunité de faire une sortie stimulante en partage avec leur progéniture.  

En terminant, j’insiste pour que vous visitiez le Festival de cinéma des gens d’ici du 24 au 27 septembre prochain pour en saisir tous les arômes. Pour avoir participé à un grand nombre d’événements en région et ailleurs, je constate que du FCGI se dégage une grande humanité, une finesse et une chaleur hors du commun. Grâce à sa grande humilité qui le distingue fort bien (en débutant par sa charmante dénomination), le Festival de cinéma des gens d’ici réussit à mettre de l’avant et à faire progresser, doucement, de grandes idées. \


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