L’artiste multidisciplinaire Karine Hébert de Rouyn-Noranda présentera pour la première fois son exposition Dessous intimes au Centre d’art Rotary de La Sarre du 2 décembre au 13 janvier prochain. Initié depuis plusieurs années, ce projet présente différents clichés de femmes prenant la pose, habillées d’un vêtement noir par-dessus lequel elles devaient enfiler un sous-vêtement (la plupart du temps un corset), enduit de plâtre.

Une première prise de photos avait eu lieu, il y a quelques années, à Rouyn-Noranda, à la Place de la Citoyenneté. Une quinzaine de femmes avaient répondu à l’appel. En mars 2011, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, madame Hébert avait lancé l’invitation aux femmes de La Sarre pour poser au Centre d’art Rotary. Cette fois-ci, 35 femmes ont participé au projet. «Ça m’a impressionné de voir le nombre de femmes qui ont voulu prendre la pose. Cette générosité de leur part m’a beaucoup émue», exprime l’artiste.


Des femmes de tous âges se sont senties interpellées par ce projet. L’exposition réunit des clichés de 4 générations de femmes. Certaines ont même pris la pose avec leur mère. L’artiste se dit préoccupée par le rapport au corps, difficile pour les femmes d’aujourd’hui, et elle tenait à montrer la différence, la multiplicité et l’authenticité des corps. Elle a choisi de prendre des clichés des femmes avec un sous-vêtement, puisqu’il s’agit d’un élément avec lequel elles vivent un rapport intime. Le fait de tremper ces sous-vêtements dans du plâtre les rendait rigides et ils devenaient plus résistants à manipuler, ce qui venait souligner l’incapacité du corps à se plier aux standards imposés.


Des photos de toutes les femmes ayant participé seront exposées dans différents formats, les gros plans étant sur des canevas plus grands. Les clichés seront imprimés sur des toiles.


Mme Hébert affirme avoir choisi la photographie puisque, selon elle, c’était la meilleure façon de garder une trace de cet événement performatif. «Que ce soit pour ce projet ou pour un autre, j’essaie de trouver le médium qui se rapporte le plus au projet», explique-t-elle. «Comme je n’ai pas de formation en photographie, j’ai eu un support technique de ma sœur photographe. Avant d’entreprendre ce projet, j’avais pris la pose avec elle à Val-d’Or, car j’avais besoin d’expérimenter, de voir comment je me sentais de poser devant les autres.»


L’artiste affirme que le fait que ces femmes devaient se faire photographier devant un public venait cautionner sa démarche. Dans ce contexte, les visiteurs sont invités à réfléchir sur le sort des femmes. Karine Hébert dit se sentir inspirée par les objets féminins et ils prennent une place importante dans sa création artistique, que ce soit le rouge à lèvre, le bas de nylon ou la lingerie.


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