Ils sont trois artistes aux yeux pétillants, trois créateurs qui posent sur la vie leur regard propre et partagent un espace de travail commun. À l’atelier, Karine Berthiaume façonne l’image graphique et picturale, Christian Leduc, l’image photographique et Dominic Leclerc, l’image en mouvement. Ils se côtoient depuis longtemps, et œuvrent en parallèle en exerçant sur chacun une influence mutuelle inconsciente. Puis, l’idée de plancher sur une même étude émerge. Ils forment le collectif TRIANGLE, et présentent jusqu’au 16 novembre le projet Scalène au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda (CERN).

Je suis passée voir l’espace en question, lors du vendredi « cool » du 19 septembre, nouvelle et très agréable formule du CERN servant à provoquer des rencontres entre les artistes et le public. En plus de pouvoir apprécier ces trois individus de longueur différente, je suis intriguée par ce qui se trouve dans cette salle vide. Outils, miroirs cassés, éléments d’éclairage et de projection. Intrigant. J’y repasse deux semaines plus tard et je circule autour d’un nuage en formation. Visiblement, l’été indien se prépare. C’est ici que l’on fabrique des cumulus!

Malgré le fait que je connaisse le travail de chacun d’eux, et que je sois au fait que la somme des angles intérieurs d’un triangle donne 180°, je ne sais pas où m’emmena ce trio au regard posé sur un horizon bien plus vaste.

TRIANGLE parle d’immersion, d’expérience physique, de paysage intérieur, de la fragilité de notre essence. Ils explorent des questions sur le sens de la vie et sur ce qu’il y a derrière la mort. C’est un partage, une zone de réflexion, un privilège de se poser au centre de cette salle transformée en installation.

Pour Jean-Jacques Lachapelle, directeur, recevoir ces d’artistes dynamise le lieu et crée du mouvement par l’intérieur. Ce qui l’anime de ce projet, qui fait partie de sa première programmation officielle, c’est que l’issue est inconnue, puisqu’exploratoire. Il aime la part de risque intrinsèque à cette idée, car les membres de ce groupe n’ont jamais travaillé ensemble. Il leur a proposé cinq semaines de création in situ. Cela donne le ton pour l’avenir de cet espace dont le nom sera bientôt dévoilé. À suivre!

Appréciez cette exposition unique, car Scalène est tellement grand que sa transportabilité est quasi impossible, elle est comme notre existence, éphémère. Espérons que TRIANGLE, comme Ptolémée et Pythagore, nous proposera d’autres lieux et d’autres cieux pour explorer les lois de l’univers.


Auteur/trice

Artiste multidisciplinaire et cinéaste indépendante, Béatriz Mediavilla est née en 1972 à Rouyn-Noranda, où elle demeure toujours. Détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études cinématographiques, elle enseigne le cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Parallèlement, elle a notamment réalisé l’ouvrage collectif multidisciplinaire Ce qu’il en reste : dialogue artistique sur la mort (2009), et a publié Des Espagnols à Palmarolle dans Nouvelles Explorations (2010) et dans Contes, légendes et récits de l’Abitibi-Témiscamingue (2011). Elle a également publié Entre les heures dans Rouyn-Noranda Littéraire (2013). Danse avec elles, son premier long métrage documentaire a connu une belle réception et a été présenté dans différents festivals, entre autres, à Montréal, Québec, Toronto et Vancouver, mais aussi La Havane et New York. Son deuxième long métrage, Habiter le mouvement, un récit en dix chapitres, a aussi été présenté dans plusieurs festivals dans le monde. Il a remporté entre autres, le prix du meilleur documentaire de danse au Fine Art Film Festival en Californie, meilleur long métrage documentaire au Utah dance film festival et le prix de la meilleure oeuvre canadienne au festival International du Film sur l’Art de Montréal. Son plus récent court métrage Axiomata, a aussi été sélectionné dans différents festivals à travers le monde.