Film à grand déploiement, Humanité – l’heure des choix réunit une distribution titanesque et aura pris des années à finaliser. Drame de mœurs, suspense, film d’action, aucun aspect n’a été épargné. 

L’intrigue se déroule simultanément dans de multiples lieux. Les catastrophes naturelles se multiplient. Les médias alimentent leurs plateformes d’analyses et de reportages sur le terrain. « Le futur dystopique est déjà là », titre le quotidien La Presse

Le rideau s’ouvre et, dès les premiers instants, le public est plongé dans l’urgence. 

« L’histoire est celle d’un homme dans une mer de personnes évacuées qui fuient les lieux d’une inondation, mais qui, dans leur cavale, sont rattrapées par un glissement de terrain, une zone d’incendie, un séisme et qui, en longeant la côte Atlantique, doivent porter secours à des personnes réfugiées du climat », illustre le réalisateur Dee Hinde*, tentant d’expliquer que les protagonistes se retrouvent à l’heure des choix, dans un monde où toutes les priorités sont incontournables et essentielles. 

Le scénario joue gros. L’action qui défile ressemble davantage à un immense vortex où toutes les préoccupations et catastrophes des dix dernières années s’amalgament. 

Les leaders des nations tiennent des sommets d’urgence; les négociations achoppent, néanmoins, une entente finale est conclue : il faut en faire davantage. 

« On comprend que la réponse doit être coordonnée, mais puisque chacun perçoit la réalité de son propre point de mire et avec ses propres œillères, les actions sont diffuses et ratent la cible. L’humanité se retrouve face à l’échec et n’a bientôt plus d’issue », précise encore Dee Hinde. 

Ce long métrage n’est ni une fiction ni une dystopie, mais plutôt « le film » dans lequel nous jouons toutes et tous en ce moment.  

Il y a quelques années, la chaîne télé Arte a publié une vidéo intitulée « Une seconde sur Terre | Une espèce à part » dans laquelle un narrateur se prête au jeu de transposer l’histoire de la Terre dans un livre de 1000 pages. 

Dans cette modélisation, la première forme de vie verrait sa mention initiale à la page 185 puis, pendant 700 autres pages, elle évoluerait lentement jusqu’aux véritables formes biologiques animales primitives. L’être humain moderne n’obtiendrait pas tout un chapitre, pas même un intertitre, à peine quelques lignes, vers la fin, tant sa présence dans le temps, dans l’histoire de notre planète, est ténue. Toujours selon cette vidéo, l’être humain occuperait à peine 0,004 % de toute la trame historique de la Terre, longue de 5 milliards d’années. 

N’est-il pas impressionnant, ou ironique, qu’une espèce, en si peu de temps, risque d’avoir le dernier mot ou de signer l’arrêt d’un monde de cinq milliards d’années? 

J’en suis venue à élaborer un tel scénario en tentant de me mettre, ne serait-ce que quelques instants, dans l’état d’esprit de celles et ceux qui sont en situation de pouvoir et de décision. Que prioriser? 

En guise de réponse, un souvenir m’est revenu à la mémoire. J’avais 30 $ en poche et je devais tenter de faire une épicerie. J’avais « ma liste », constituée de ce dont j’avais envie. Rapidement, les 30 $ ont été dépassés. La liste a été ramenée à « ce dont j’avais besoin », mais le total était encore trop important. La liste est devenue « ce que je pouvais » pour cette fois, et j’avais dû remettre des articles à la caisse. 

Le toit coule, il y a un début d’incendie au rez-de-chaussée et une bombe au sous-sol, ainsi que des gens à la porte qui forcent l’entrée. La fuite n’est pas une option. Tout est à faire. 

*Dee Hinde : nom fictif faisant référence à cette petite inscription « The End ». 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.