En janvier 2020, alors que la pandémie s’infiltrait déjà sournoisement dans nos vies à notre insu, mes camarades de l’École nationale de l’humour et moi-même montions sur les planches du Kings Comedy Club de Bruxelles, en Belgique. Nous allions y présenter le fruit de notre labeur, les numéros que nous travaillions depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

L’humour, il y en a pour tous les goûts. Il y a de l’absurde, de l’anecdotique, de l’engagé. Moi, j’avais décidé de présenter un numéro sur l’environnement et la crise climatique. Pas un sujet de prédilection en humour, on va se le dire. Alors, comment faire rire les gens avec un sujet aussi dramatique? Comment garder le sourire alors que l’écoanxiété nous envahit toutes et tous collectivement?

L’HUMOUR POUR DÉSAMORCER LE DRAME

Cela vous paraîtra sans doute inusité, mais pour aborder le sujet de la catastrophe environnementale, le moyen le plus efficace a été de le lier à un autre sujet encore plus dramatique, le suicide.

Comme une bonne gorgée d’eau quand t’as quelque chose de pris dans la gorge, l’humour peut aider à faire avaler les choses les plus difficiles. Je m’en suis d’ailleurs servi tout au long de ma formation, pour cicatriser certaines blessures personnelles et pour conscientiser les gens à la fragilité de la santé mentale.

Pourtant, les communications sur les sujets les plus délicats sont souvent orientées vers une approche plus moralisatrice et déprimante, même si cette méthode a été prouvée inefficace dans le processus d’éducation. De la même façon, elle n’est probablement pas la plus probante à un changement d’habitude. Si les géants de la publicité se servent beaucoup du pouvoir de persuasion de l’humour pour vendre, pourquoi ne pas faire de même pour encourager les gens à adopter des comportements positifs comme le recyclage ou la mobilité durable afin de prendre soin de l’environnement? Pourquoi ne pas attaquer les problèmes sociaux sous un angle humoristique, pour atteindre ceux qui n’osent pas appeler à l’aide quand rien ne va plus?

La base de l’humour étant de surprendre à l’aide d’un point de vue inattendu, il est facile d’attirer l’attention et de créer de l’intérêt envers un sujet délicat pour ensuite véhiculer des valeurs essentielles. Plus l’écart entre la réponse humoristique et la réponse attendue est grand, plus la réaction sera profitable.

Dans mon numéro d’humour comico-environnemento-maniaco-dépressivo-engagé, en plus de comparer les gens qui polluent à des personnes suicidaires (parce qu’il faut vouloir mourir pour scrapper notre environnement), j’encourageais les gens à arrêter de planter des arbres et à plutôt planter des fusils pour nous protéger de la crise climatique. Parce que, qui se sert d’un mélèze pour se défendre en situation de crise?

L’HUMOUR AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT

L’humour est un réel vecteur d’information et il s’avère l’un des modes de communication les plus efficaces. Toute campagne de communication mérite d’être étudiée et peaufinée par un œil humoristique, même (et surtout!) celles concernant l’environnement et la crise climatique.

On peut même le remarquer dans l’évolution des films catastrophes, des années 1990 à aujourd’hui. Quel film vous donne le plus envie de troquer la voiture pour le vélo? Armageddon ou Don’t Look Up : Déni cosmique? Le drame ou la comédie grinçante?

Dans cette logique, le CREAT misera sur un ton plus humoristique pour la sensibilisation et l’éducation aux enjeux environnementaux de la région. Un slogan punché favorisera-t-il des changements de comportements? C’est ce que l’on souhaite! De plus, le CREAT est heureux d’être partenaire du 2e Festival d’humour émergent en Abitibi-Témiscamingue en présentant un spectacle d’humour à saveur environnementale intitulé Des VERTES et des pas MÛRES. Un partenariat inusité pour aborder l’environnement sous un autre angle.