Je me souviens de mon primaire dans les années 1990 quand mes cousines m’envoyaient de gros sacs de vêtements dont j’étais probablement la quatrième propriétaire. À la même époque, mes parents nous emmenaient, mon frère et moi, magasiner pour la rentrée scolaire. Nous faisions près d’une heure de route pour se choisir deux paires de jeans et un maximum de quatre chandails. À ce moment, nous consommions mondialement 500 % moins de vêtements qu’actuellement.

Aujourd’hui, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année, sans compter le nombre de vêtements créés. Chaque kilo de ces vêtements produits génère 23 fois son poids en gaz à effet de serre. Chez nous, au Québec, on jette individuellement 24 kg de vêtements par année.

Mondialement, la production vestimentaire génère 1,2 milliard de tonnes de CO2 par année, autant que les transports aériens et maritimes combinés. L’eau utilisée chaque année pour fabriquer la teinture textile représente l’équivalent de 1,6 million de piscines olympiques. On parle ici de 126 000 litres d’eau à chaque seconde. Annuellement, c’est 4000 milliards de litres d’eau par an.

J’aimerais vous dire qu’au moins, nos vêtements sont faits de façon éthique, mais malheureusement, non. Quelque 60 millions de travailleurs les fabriquent dans des conditions exécrables, et 80 % d’entre eux sont des femmes. Selon l’UNICEF, 170 millions d’enfants sont attelés à l’ouvrage pour satisfaire nos besoins.

Est-ce normal que ce soient des enfants qui fabriquent les vêtements de nos enfants?

L’ère de la technologie avancée a largement poussé l’industrie de la mode à nous créer des besoins que nous pouvons facilement combler. Les livraisons express, le Vendredi fou (Black Friday) et les codes promo d’influenceurs poussent le consommateur à vouloir plus, et ce, sans arrêt. Est-ce normal que l’une des plus grandes franchises dans l’industrie du vêtement connue à ce jour ait créé environ 75 microsaisons l’an dernier?

La plupart de ces grandes franchises ont d’ailleurs mis sur pied des programmes de recyclage. Vous apportez vos vêtements usés, vous les mettez dans un bac et en prime, vous obtenez même un crédit pour votre prochain achat! La réalité derrière ce grand coup de marketing est que seulement 1 % de ces morceaux se feront réellement recycler. D’ailleurs, le terme d’écoblanchiment (greenwashing) est dorénavant connu pour ce genre de comportement. Ces grandes compagnies comprennent que le consommateur tente de prendre un tournant écologique et utilisent des publicités « vertes » qui ne le sont pas réellement. Un exemple : une grande marque connue de mode rapide a indiqué sur son étiquette que le vêtement comprenait une matière recyclée. En réalité, seul le carton de l’étiquette était recyclé, rien d’autre sur le chandail.

Sommes-nous au courant collectivement de ce problème? Non. La désinformation sur ce sujet se tisse depuis plusieurs dizaines d’années.

La solution la plus facile serait de ne plus consommer de vêtements neufs. Même si le fait de se priver d’un luxe peut paraître extrémiste aux yeux de certains, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne ment pas sur l’état actuel de la planète. L’industrie du textile est un fléau mondial, tout comme l’industrie pétrolière et l’agriculture.

Le simple fait de porter un vêtement pendant neuf mois de plus peut réduire de 30 % votre empreinte carbone pour ce vêtement. Si tout le monde achetait un article de seconde main cette année au lieu d’un neuf, cela pourrait économiser près de 6 livres d’émissions de CO2. Cela équivaut à retirer un demi-million de voitures de la circulation pendant un an.

Quelque 150 tonnes de vêtements brûlent chaque minute. La quantité de textiles créés est tellement disproportionnée que nous aurions des dizaines et des dizaines d’années à les user jusqu’à leur toute fin. Prendre conscience de ce problème est un pas vers un changement écologique. Décider d’acheter quelques vêtements de seconde main au lieu de neuf est un deuxième et énorme pas dans cette direction.

Je crois qu’une rétrospection collective sur notre consommation est de mise et plus qu’urgente.

Pour notre planète.

Pour offrir un monde meilleur à nos enfants ainsi qu’à ceux qui s’épuisent à confectionner des vêtements!