Étant donné le caractère cancérigène de l’arsenic, le groupe de travail estime qu’il est nécessaire d’adopter une approche préventive visant à réduire le plus possible les niveaux d’exposition de la population. Le groupe de travail propose donc aux autorités d’exiger à Minéraux Noranda de diminuer ses émissions de sorte que la concentration moyenne d’arsenic dans le quartier Notre-Dame soit ramenée sous une valeur moyenne de 10 ng/m3 (0,01 microgramme/m3). De plus, Minéraux Noranda devra s’engager à présenter rapidement au MENV (d’ici deux mois) un plan d’intervention identifiant l’échéancier et les interventions qui devront être réalisées pour atteindre un objectif de 3 ng/m3 dans le quartier Notre-Dame1.

Walsh et al., 2004, p. 24

Cet extrait est tiré de l’Avis sur l’arsenic dans l’air ambiant à Rouyn-Noranda, publié en novembre 2004. Des spécialistes de deux ministères (Santé et services sociaux et Environnement), de même que de l’Institut national de santé publique (INSPQ), ont participé à sa production. À l’époque, on proposait de donner 18 mois à Minéraux Noranda, maintenant Glencore, pour réduire à 10 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) ses rejets d’arsenic. Rappelons que la norme québécoise était alors, et est toujours, de 3 ng/m3.  

Dix-huit longues années se sont écoulées depuis l’avis de 2004 et aucun gouvernement n’a agi en prévention dans ce dossier. Demeurons polis, appelons cela une zone tampon d’inertie.  

En septembre 2022, le gouvernement Legault nous apprend que ce sera à la population de Rouyn-Noranda de décider de l’avenir du dossier! Plutôt que de faire appliquer nos lois, on va consulter… Et il y a donc eu consultation. Environ 1 200 personnes de la municipalité y ont pris part. Quelque 175 mémoires ont été déposés. Le plan proposé par la compagnie a été rejeté à 57 %. Sept personnes sur dix du quartier Notre-Dame, qui ont participé à l’exercice, ont aussi rejeté l’idée. Voilà qui est clair! 

Résultat : on annonce, le 16 mars dernier, avec quatre mois de retard, que le plan de Glencore demeure le même concernant l’arsenic. Du même coup, on annonce la création d’une zone tampon au pied de l’usine. Les quelque 200 ménages visés l’ont appris en même temps que vous.  

Mieux encore, l’opération coûtera 85 M$ à la ville, mais c’est l’État qui paiera. Par surcroît, la compagnie pourrait se voir accorder des crédits d’impôt à hauteur de 200 M$ du provincial et du fédéral afin de moderniser ses installations. Zone tampon fiscale

C’est cela, être pris pour des citoyennes et citoyens de seconde zone. À suivre… 


Auteur/trice