Un matin de février, peu après la Saint-Valentin… Le froid ronge les sens comme le givre pénètre un abri sans isolation. Sa présence s’impose. Il est si austère qu’on ne discerne que lui. Son règne hypnotise à la fois espace et temps.
C’est ainsi que je suis habité par l’hiver lorsqu’une musique parvient à se faire entendre au-delà des claquements de dents. Voilà un air autre que celui, chicanier, de la corneille. Il y a un oiseau réfugié dans le lilas endormi au fond de la couræ. Je ne connais pas ce volatile. Mon ami Louis saurait qui il est.
Voilà pourquoi je souris, malgré tout, ce matin-là.
Fenêtres closes, longues nuits et journées blanches. Les chaumières brulent les factures d’Hydro-Québec. L’hiver glisse sur le verglas, fait mine de tomber, puis revient. Il est à l’image de ces discours que l’on croyait noyés sous les débâcles printanières passées. Ces paroles mangeuses de pensées généreuses, ces propos vengeurs qui s’animent dans les eaux noires et engourdies d’une époque troublée. La nôtre? Oui, la nôtre!
Je ne peux que croire au printemps qui viendra. Croire ne fait pas disparaitre la réalité, mais permet d’embrasser d’autres possibles. Pour le moment, j’ai froid et je me colle aux humains.
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Un matin de mars, peu après Quartiers d’hiver… Le froid mordille mains et têtealors que je marche sans les couvrir. Mes pensées me projettent en avant, je fais comme si on y était…
Un oiseau, d’une autre espèce, avec un autre chant, siffle à mon passage sous le bouleau jaune des voisins. Je le cherche parmi les rayons déjà affirmés de ce début d’avant-midi. Je ne le trouve pas. Mon ami Louis, lui, le dénicherait, le reconnaitrait et lui répondrait sans problème.
Les factures ont perdu trop peu de leurs poids. Ma fenêtre fermée se dégivre avec peine. Nous voyons un peu plus de lumière. Les fossoyeurs d’idées souriantes font moins peur, la nuit raccourcit.
Par économie d’énergie, je garde au frais, pour plus tard, les élans d’enthousiasme, les espoirs sans limites. Je sais le changement tout prêt. J’y vois plus clair. La moindre trace d’humanité balise le courant à suivre.
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Un matin d’avril, peu après le congé pascal… L’eau coule, doucement, des gouttières aux rivières. Tout s’anime à sa suite. La première pluie tombe comme neige au soleil. Des chaises prennent place sur les galeries d’où la glace est partie. Une lumière orangée saupoudre la fin des journées. Les rancunes défraichies, qui trainent au sol, sont mises au rebut. Tout à l’heure, les plants de rhubarbe tâteront de l’été. La vie, enfin, s’ameublit. Dans la rue, les gens se découvrent et plaisantent ensemble.
Dans le lilas bourgeonnant, un oiseau sifflote au milieu du temps doux. Je m’arrête, le cherche et le trouve. Il est là, sur une branche de mon pays et nous crie de tourner dos à l’ennui.
Mon ami Louis, lui, cette fois-ci, est perché à ses côtés. Et je m’envole les rejoindre face au soleil!