Il m’arrive de me demander ce qu’est devenu tel chanteur, chanteuse ou groupe. Vous savez, ces vedettes d’un temps dont on a plus d’échos à la suite de leur passage. Toutes ces personnes, mises sous les projecteurs du jour au lendemain, qui se sont abreuvées à pleines gorgées au goulot de la gloire… que deviennent-elles le surlendemain de veille ?

Si c’est le propre d’une société de consommation de produire des objets pour qu’ils soient ensuite jetés, il devient naturel qu’il en soit ainsi aussi pour les êtres. Lorsqu’une performance nous est offerte, une autre se prépare à apparaître. Alors, de nouvelles étoiles entrent dans nos esprits et sont bousculées par d’autres qui les poussent hors de nos écrans.

Que deviennent toutes ces comètes ? Elles sont toujours quelque part dans l’univers, mais plus dans notre ciel. Elles n’existent plus pour nous, maintenant que les caméras se sont tournées ailleurs. Je ne peux personnellement pas m’empêcher d’y songer. Que voulez-vous, c’est ainsi : je suis sensible à ceux que l’on oublie.

Une amie m’explique que la gloire est un piège. « C’est certain que le regard des autres, que le fait qu’on aime ce que tu offres est important. Parce qu’on vit en ensemble et qu’on est humains ! Mais je ne pense pas qu’il faille créer pour la gloire. J’engraisse, petit à petit, notre terreau culturel d’un peu de ma matière artistique depuis plus de cinquante ans. J’ai eu des moments de reconnaissance, oui. Mais les écrans mettent un éclairage artificiel à mes récoltes. Ça ressemble à une grosse dose d’engrais chimique dans un jardin. J’aime mieux déployer mon être à même ce que je suis plutôt que sur une mode… Tu comprends ? Comme un arbre déploie ses branches, seconde après seconde. C’est le soleil, mon projecteur. » C’est ce que me dit ma tranquille conscience…

Il y a toutefois de ces vedettes déchues que les agissements condamnent au déshonneur. Ici, je vous sors de la poésie pour tomber brutalement dans les ornières du pouvoir. Ça devient le lot d’un ancien ministre de la santé, Marc-Yvan Côté, transformé en lobbyiste, dernièrement mis en accusation. C’est ensuite le cas d’une ancienne vice-première ministre, Nathalie Normandeau, arrêtée par l’UPAC. Dernier exemple, tout récent, Sam Hamad, un président du Conseil du trésor… C’est le même genre de déchéance que pour ces personnes très très riches et apparemment vertueuses, dont certaines se plaisent à dire qu’il faut couper dans les dépenses publiques alors qu’on apprend qu’elles cachent leur argent dans les paradis fiscaux pour éviter de contribuer au trésor public…

Tous ces gens qui ont bu à pleines gorgées, au goulot de la gloire à leur unique profit et à celui des leurs amis. Les voilà pris au piège ! Nos projecteurs ne doivent pas les lâcher de manière à ce que l’on sache ce qu’ils fabriquent tous les surlendemains de veille. On ne doit pas les oublier… Pour nous éviter de gâcher davantage notre jardin et faire de la démocratie un objet jetable. \


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