C’est du 9 au 16 mars dernier qu’a eu lieu l’édition 2022 du festival Cinédanse, et c’est une chance pour la région qu’il ait été présenté à Rouyn-Noranda. Ce festival a pour mission de stimuler le public en présentant des œuvres axées sur la danse. Toutes les générations sont visées, et les projections de films sur la danse sont accompagnées de divers ateliers, conférences et panels, performances et installations participatives. Ainsi, on peut réfléchir collectivement à ce moyen d’expression universel, et « se réinventer », affirment ses directeurs.

Béatriz Mediavilla y a présenté son film Axiomata en première mondiale. Les plus curieux en avaient vu un bref aperçu lors du dernier Festival de cinéma international, plus tôt cet automne. Pour Mme Mediavilla, l’occasion de présenter son film, fait ici, dans cette édition particulière du festival a été une superbe expérience. « La volonté de Sylvain Bleau de créer un événement qui occupe un territoire et se déplace sur celui-ci est forte, car c’est aussi plus de travail. Et cette volonté contribue à faire connaître et à démystifier la danse comme geste initial, authentique et fondamental qu’on a éloigné de nous pour différentes raisons. La danse est une façon de prendre la parole sans les mots et les codes de la langue qui divisent parfois. Et c’est une façon d’aborder des sujets variés et universels », affirme-t-elle.

Dans Axiomata, sa démarche consiste à démontrer comment tous les corps, vivants ou non vivants, obéissent aux mêmes règles, notamment celles de Newton et du mouvement. Ainsi, en réunissant des danseurs qui ont ou non une habitude en danse, elle a pu montrer comment chacun peut se relier à l’autre, peu importe tout ce qui peut séparer les êtres. En menant une réflexion sur ce qui nous sépare (vocabulaire, racisme, préjugés), Béatriz Mediavilla offre la plus belle métaphore visuelle qui soit pour insister sur ce qui nous unit, plutôt. « Les moments de chute des corps suggèrent à la fois les lois et la discrimination ou le racisme ordinaire qui font trembler les sentiments. Il faut tout un village pour soulever un corps tombé et il faut surtout un premier geste pour y arriver », explique l’artiste.

LA CINÉASTE

Née à Rouyn-Noranda, Béatriz Mediavilla enseigne le cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, et mène en parallèle une carrière de cinéaste reconnue. Danse avec elles, son premier long métrage documentaire a été salué et présenté dans de nombreux festivals, à Montréal, Québec, Toronto et Vancouver, mais aussi à La Havane et à New-York. Son film Habiter le mouvement, un récit en dix chapitres est actuellement sélectionné au Canada, en Écosse, en France et au Mexique. Le film a remporté le Prix de la meilleure œuvre canadienne lors du 39e Festival International du Film sur l’art (FIFA) en mars 2021. Il a également remporté le prix du meilleur documentaire de danse au Fine Art Film Festival à Venice en Californie.


Auteur/trice

Après avoir enseigné le français, le théâtre et la littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabrielle Demers oeuvre dans le domaine de la pédagogie universitaire. Elle s’adonne aussi à la performance, aux installations artistiques et aux arts imprimés. Elle se questionne sur les enjeux actuels liés à la féminité dans l’espace public, entre autres.