Le mois dernier, la Place des Arts de Montréal annonçait la nomination de Véronique Rankin en tant que membre indépendante de son conseil d’administration. L’Indice bohémien s’est entretenu avec elle pour présenter un bref portrait de sa trajectoire.

Originaire de Pikogan où elle a grandi, Véronique Rankin est diplômée en administration publique et en arts. Comme plusieurs Abitibiwinnik, Mme Rankin est impliquée corps et âme dans le rayonnement de la culture anicinabe, et ce n’est pas d’hier qu’elle a commencé à œuvrer à la visibilité des siens.

Son parcours professionnel, entrepris en Abitibi il y a bientôt vingt ans, l’a amenée à assurer d’abord la direction de l’École du rang II à Authier. De là, on lui a bientôt confié la gestion de la station-service à Pikogan, qui était alors en difficultés financières. Après la restructuration de cet important commerce dans l’économie de la communauté, c’est le Conseil de bande de Pikogan qui a profité de ses talents.

Plus récemment, elle s’est retrouvée à la tête de Puamun Meshkunu en 2018, aux côtés notamment du Dr Stanley Volant. Première employée de l’organisme, tout était à faire dans ce vaste chantier initial, de la mise en place de la structure jusqu’au développement des activités.

Après ce succès de croissance, elle a tourné ses efforts vers le Wapikoni. Cet important organisme autochtone, qui a pour mission de réaliser et diffuser du matériel audiovisuel produit par les communautés du territoire canadien, n’est plus à présenter. Fort d’une collection de plus d’un millier d’œuvres, sa camionnette, la Wapikoni Mobile, qui sillonne les routes du Québec et des provinces de l’est, est devenue un symbole d’excellence et de fierté dans l’univers culturel autochtone. La pandémie, qui a sensiblement ralenti les activités de l’organisme, n’a pas signé son arrêt complet, loin de là. L’année dernière seulement, plus de 21 créations ont émergé dans son sillage. Au-delà des productions cinématographiques, la Wapikoni est surtout un moteur de fierté et de confiance en soi chez les jeunes des communautés, qui y apprennent les rouages de la création artistique.

Véronique Rankin se félicite d’avoir été nommée au conseil d’administration de la Place des Arts, surtout parce qu’elle entend y exercer une influence positive pour mettre de l’avant les intérêts et la vision des communautés autochtones et agir en tant que pont entre son milieu et le monde artistique montréalais.

Lorsque nous l’avons interrogée au sujet des façons de pérenniser la voix autochtone dans l’espace public, elle nous a répondu avec beaucoup de philosophie qu’il n’y a pas, selon elle, d’autres moyens que d’y travailler inlassablement. Il faut continuer à ce que les films soient vus dans des espaces et des contextes variés, continuer à travailler fort, continuer surtout à ce que les autochtones s’impliquent dans les structures organisationnelles, dans la gouvernance des institutions allochtones.

Selon elle, personne n’est mieux placé qu’une personne autochtone pour parler de la réalité et de la culture autochtone. C’est pourquoi elle invite les gens issus des Premières Nations à s’investir, chaque fois qu’ils en ont à la chance, partout où ils le peuvent. Ils doivent faire entendre leur voix et mettre de l’avant les intérêts de leur communauté et la richesse millénaire de leur culture.


Auteur/trice

Originaire de Rouyn-Noranda, Jean-Lou David est rédacteur professionnel pour plusieurs organismes régionaux. Diplômé en littérature, il se passionne pour l'histoire, particulièrement celle de notre région, mais aussi pour l'histoire religieuse et celle des peuples autochtones canadiens. Il est également apprenti écrivain. Lauréat du Prix du Jeune Écrivain 2020 et du Prix littéraire de l'Abitibi-Témiscamingue 2021, il a figuré sur la liste préliminaire du Prix de la création Radio-Canada Poésie en 2021.