L’un est auteur, concepteur de jeux de société, producteur, monteur, cinéaste… Son roman La mémoire du funambule (2012) était finaliste au Grand Prix Littéraire Archambault. L’autre est animatrice culturelle. Elle a coordonné des événements culturels, coanimé un balado, fondé des organismes culturels. Elle préside le conseil d’administration du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue. Bref, l’un crée, l’autre pense les infrastructures culturelles et artistiques. Ensemble, ils ont conçu des projets et monté une famille. Bruno Crépeault et Geneviève Béland se livrent.
F. A: Pour vous, c’est quoi le confinement?
B. C : C’est un privilège lorsqu’on est bien entouré.
G. B : C’est une preuve qu’on peut changer notre mode de vie.
F. A: Avez-vous l’impression de réussir votre confinement?
B. C : Personne chez moi n’a faim. Personne chez moi n’a soif. Personne n’est malade. Donc le confinement est réussi. C’est du temps que je n’aurais pas eu autrement. On est chanceux à Val-d’Or. Mais il ne faut pas oublier ceux qui souffrent à cause de la pandémie.
G. B : À certains égards, ça m’a aidée à réaliser un souhait que j’avais. J’aspirais à une vie plus lente et à me débarrasser de certaines habitudes. Ça a pris du temps avant que je m’adapte. Mais une fois que j’ai trouvé mon rythme avec les enfants, ça s’est très bien passé.
F. A: Confinement et création (et/ou créativité), est-ce que cela fait bon ménage pour vous?
B. C : Dans mon cas, ça n’a pas du tout fait bon ménage. Je travaille sur l’écriture d’un scénario. J’ai un projet de jeu de société qui traine depuis quelques années aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas trouvé le temps. Je vais blâmer Geneviève. Créer prend beaucoup de temps. Dans mon cas, c’est très difficile. Il y a toujours lieu de trouver un autre truc à faire pour ne pas créer. C’est une opportunité que j’ai ratée.
G. B : Moi, je pense que c’est à cause du temps. On a fait des quiz en ligne pour les enfants. Ça a pris énormément de temps. Mais je travaille bien avec des contraintes. Je n’ai pas de problème à m’autodiscipliner. Mon lieu de réflexion a toujours été quand je prends ma douche. Ça continue. Je ne suis pas privée de douche. Quand je fais de la course aussi, j’ai beaucoup d’espace pour réfléchir.
F. A: C’est quoi une journée réussie pour vous en période de confinement?
B. C : C’est de n’avoir rien négligé autant du côté professionnel que du côté familial.
G. B : Pour moi, il faut qu’il y ait un équilibre. Il faut que la maison soit en ordre, car on est tout le temps là-dedans. J’ai beaucoup lu. J’ai passé beaucoup de temps avec les enfants et on a beaucoup joué ensemble.
F. A: Une chose que vous ne pouvez plus faire depuis le confinement mais que vous avez hâte de pouvoir refaire?
B. C : De ne pas pouvoir faire une accolade aux gens que j’aime ou avec lesquels j’interagis. Je ne peux pas leur serrer la main. C’est une démonstration d’affection, d’amitié. Je ne peux pas signifier à la personne à quel point je suis content de la voir. Ça me manque beaucoup.
G. B : Au début du confinement, je me disais : je vais diner au resto avec mon chum. Mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas. Personnellement, j’ai réussi à compenser mes besoins. Mais j’ai hâte que le déconfinement ait lieu par empathie pour la société. Il y a des gens qui en souffrent beaucoup.
F. A: Quelque chose que vous regrettez de n’avoir pas fait avant le confinement?
B. C : Joker!
G. B : La pendaison de crémaillère de La Cabane, un espace culturel. C’était prévu le 14 mars. C’était très important pour nous. C’était l’occasion de remercier des bénévoles impliqués dans le projet.
F. A: Quelque chose que vous avez appris depuis le confinement?
B. C : La peur peut être un puissant motivateur, mais elle ne pousse pas nécessairement vers de bonnes actions. C’est dommage d’attendre d’avoir peur pour réagir.
G. B : Beaucoup de choses sur le système pulmonaire et comment mettre un arrière-plan en zoom.
F. A: Une lecture, un film ou une chanson pour personnes confinées?
B. C : Moi, j’espère que les gens qui ont eu du temps en ont profité pour lire et voir de bons films. Sinon, je recommanderais le film Enterré de Rodrigo Cortés.
G. B : Moi, j’ai lu La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette et j’ai regretté de ne l’avoir pas lu avant. Habituellement, je ne lis pas beaucoup de fiction. Mais la fiction est un beau bateau à prendre pour sortir des points de presse.
Crédit: Marie-Claude Robert