Depuis dix ans, Vanessa Limage est un témoin important de la scène culturelle régionale sur laquelle elle porte un regard de professionnelle d’abord en tant que journaliste, puis chroniqueuse culturelle à Ici Radio-Canada Première. Vanessa Limage, c’est la bienveillance dans ses entrevues et dans ses critiques de films et de livres. Vanessa, c’est aussi l’image avec des reportages vidéo réalisés pour le compte de Ici Radio-Canada Première et RDI. Cet été, elle présente « Vanessa aux champs », une chronique grâce à laquelle elle va à la rencontre des producteurs agricoles de la région. Elle est à l’antenne à l’émission Des matins en or du lundi au vendredi.

Le questionnaire

F. A: D’habitude, c’est toi qui poses les questions. Qu’est-ce que ça te fait d’être dans la peau de l’interviewée?

V. L: Ça me fait plaisir. Ça me fait vraiment plaisir. Je suis une personne qui aime entrer en contact avec les autres. Peu importe que ça soit moi l’interviewée ou moi qui pose les questions, ça me convient.

F. A: Est-ce que c’est difficile pour toi de t’éloigner de la culture?

V. L: C’est impossible. [Rires] C’est impossible pour moi de m’éloigner de la culture. Même en congé de maternité, je continuais de consommer des livres, des magazines, des séries, des films. Et puis, j’avais une grande liberté. J’y allais à mon rythme, selon les réveils du bébé, selon mon humeur du moment, selon l’intensité de l’œuvre artistique aussi. Si c’était un livre très prenant, je le dévorais en quelques heures. Si c’était plus lent, alors je prenais mon temps pour le lire.

F. A: Est-ce à cause de cette impossibilité de t’éloigner de la culture que tu animes en ce moment « Vanessa aux champs »?

V.L: [Rires] Non! En fait, je voyais l’été arriver, et j’appréhendais le ralentissement que j’allais vivre en termes d’intensité culturelle et artistique. Et puis, j’ai pensé aussi à tout ce mouvement de retour à la terre qu’on a vu pendant la pandémie et qui promouvait la consommation locale. Je me suis demandé si on connait vraiment nos producteurs locaux. Bref, on dit qu’il faut manger local, mais connait-on les producteurs de l’Abitibi-Témiscamingue? Étant donné que je ne vais pas vivre autant de festivals que normalement, je me suis dit que je vais prendre ce temps pour aller à la rencontre des producteurs aux quatre coins de l’Abitibi-Témiscamingue. C’est comme ça que l’idée a germé [Rires].

F. A: Tu as l’habitude d’animer une chronique culturelle. Tu présentes « Vanessa aux champs » cet été. T’arrive-t-il d’avoir peur d’être dans le champ?

V. L: Non! [Rires] Je la trouve sympathique, la question. Non, parce que le but est le même. Comme je te l’ai dit, mon plaisir, c’est d’aller à la rencontre des gens. Certes, c’est la culture de la terre cette fois-ci. Mais je n’ai pas peur d’être dans le champ, car mon idée à la base est de rencontrer des gens. Je suis aussi très curieuse de connaitre. Mes questions permettent de faire évoluer la rencontre. J’en apprends plus et mes auditeurs aussi.

F. A: En tant qu’observatrice privilégiée de la scène culturelle, comment as-tu vécu le confinement?

V. L; J’ai trouvé ça très difficile. D’une part, j’aime rencontrer les gens et j’étais cloisonnée. De plus, il y avait cet arrêt général de l’industrie culturelle qui était un coup dur. Des maisons d’édition suspendaient la sortie des livres, des compagnies de disques retardaient ou reportaient le lancement d’albums, il n’y avait plus de cinéma. En plus d’avoir eu l’impression d’être confinée dans ma maison, tout ce qui me donnait l’impression de m’évader s’était arrêté au même moment. J’ai vécu le confinement encore plus difficilement à cause de cela.

F. A: As-tu quand même l’impression de l’avoir réussi, ce confinement?

V. L: C’est une dure question. Je te dirais qu’il y a des jours que j’ai trouvés moins difficiles que d’autres. Mais de là à dire que j’ai réussi… Je dirais plutôt que je m’en suis sortie. C’était un instinct de survie parce que je recommençais à travailler au moment du confinement à la suite d’un congé de maternité. Donc je devais jauger avec le travail, la famille. Je recommençais à travailler dans un autre contexte. Je suis passée au travers. Est-ce que c’est une réussite? OK! Oui, je peux dire ça. [Rires]

F. A: Que penses-tu de la réaction de la scène culturelle régionale à la pandémie?

V. L: La communauté culturelle est très résiliente. J’ai vu des initiatives, entre autres, dans le secteur d’Amos, super intéressantes. H2O qui offre des spectacles en formule ciné-parc, le Salon du livre qui présente des émissions avec TVC9, sur le web, pour qu’on puisse quand même aller à la rencontre des auteurs de l’Abitibi-Témiscamingue, le Festival des guitares qui a tellement bien ouvert la marche avec un volet web où on apportait notre contribution volontaire… J’ai vu le milieu culturel souffrir, car plusieurs événements n’ont pas pu se tenir. Mais j’ai vu de belles initiatives d’un milieu culturel résilient, novateur. L’Indice bohémien aussi avec ses prestations sur le web! Il y a beaucoup d’offres comme ça que je chérissais. J’ai pu vivre quelques expériences intéressantes grâce à ces initiatives. Il y a une expérience qui s’est bâtie. Je suis sûre que s’il y a un reconfinement, on va être capable de tenir le coup, car l’Abitibi, c’est une terre de bâtisseurs et de défricheurs. Le milieu culturel est bien vivant et il l’a encore prouvé malgré l’impasse dans laquelle on se trouve.

F. A: Une œuvre qui t’a accompagnée pendant le confinement ou que tu recommanderais?

V. L: Louis-Jean Cormier a sorti un album pendant le confinement. Je l’ai trouvé extrêmement courageux de le faire. Ça m’a beaucoup aidée. Ça a été une bouée de sauvetage pour moi.


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