DOMINIQUE ROY
Dans un monde où la production alimentaire est de plus en plus mondialisée, Émilise Lessard-Therrien propose une initiative rafraîchissante qui mise sur la richesse du terroir québécois. Le Goût du Pays, un projet porté par une passionnée d’agriculture, combine transformation céréalière et récolte de produits forestiers et maraîchers, offrant ainsi une gamme de produits uniques et ancrés dans le territoire.
C’est dans le cadre de son diplôme d’études professionnelles (DEP) en production horticole, au Centre Frère-Moffet de Ville-Marie, que l’entrepreneure a peaufiné ses compétences avant de se consacrer pleinement à son exploitation agricole. L’objectif : rassembler, à la ferme, toutes ses activités de transformation, pour une autonomie renforcée et un contrôle direct de la qualité des produits.
Parmi les trésors que l’on pourra découvrir cet été sur les marchés publics de Ville-Marie, Rouyn-Noranda et Val-d’Or figurent notamment une farine locale, des produits forestiers, tels que le poivre des dunes et les tisanes sauvages, des churros faits maison, roulés dans un mélange de sucre d’érable et de nard des pinèdes, et les tout nouveaux glaçons du pays, une innovation gourmande inspirée des célèbres Mr. Freeze, mais à base d’eau de bouleau parfumée aux sirops forestiers, comme l’érable, le sapin, le thé du labrador et les bleuets, la matricaire odorante, les pommes et la comptonie voyageuse.
À cela s’ajoutent des créations artisanales, comme des linges à vaisselle tissés à la main aux couleurs des plus vives, des cartes de souhaits illustrées et des t-shirts confectionnés à Rouyn-Noranda avec des retailles de tissage.

UNE DÉMARCHE ENRACINÉE DANS LE TERRITOIRE
Plus qu’une simple initiative agricole, le Goût du Pays est une véritable démarche engagée en faveur de la souveraineté alimentaire, de la vitalité régionale et de la valorisation des savoir-faire locaux. Pour donner à ses produits une identité visuelle forte, Émilise Lessard-Therrien a choisi de collaborer avec des femmes artistes et artisanes du Québec. Édith Laperrière crée tous les visuels des produits, Marika Beaulé (alias MAMIKA) transforme les retailles de tissage en t-shirts uniques et colorés et Marie-Ève Turgeon est celle qui a créé l’œuvre arborant les cartes à écrire.
Cette approche créative rappelle l’importance de soutenir les talents régionaux et de préserver les traditions manufacturières artisanales. À travers ses choix, Le Goût du Pays crée un réseau d’entraide entre producteurs, créateurs et consommateurs, où chaque geste compte dans la valorisation du territoire.
UN AVENIR AXÉ SUR L’ACCESSIBILITÉ
Dans un contexte où les enjeux climatiques et géopolitiques mettent en lumière la nécessité de repenser nos modes de consommation, le Goût du Pays se positionne comme un acteur clé de la transition vers une alimentation plus locale, durable et accessible. En faisant découvrir aux consommateurs les saveurs oubliées de nos forêts et de nos prairies, ce projet réinvente la manière dont nous percevons les produits du terroir. « On veut rendre accessible ce qui ne l’est pas encore dans la région, comme la farine. Nous sommes une grande région céréalière, mais [il était] impossible de consommer les grains qui poussent chez nous, c’était un non-sens! C’est pour ça que nous avons acheté le moulin. On est soucieux du local, mais partisans aussi du délicieux, du naturel et de l’accessibilité, c’est toujours dans cet esprit que nous travaillons nos produits », explique l’entrepreneure.
Cet été, les visiteurs des marchés publics et des festivals régionaux auront l’occasion de goûter les produits de cette approche novatrice et délicieuse. Certains produits sont aussi offerts dans quelques commerces de la région.