Le public était convié à un véritable retour en enfance le 20 octobre dernier au vernissage de Licher les batteurs et manger 8 toasts au beurre. Présentée à la Fontaine des Arts de Rouyn-Noranda du 20 octobre au 5 novembre, l’exposition était une première en près de 10 ans pour l’artiste professionnelle abitibienne Staifany Gonthier.  

Les curieuses et curieux ont pu découvrir un corpus de onze œuvres abstraites colorées relatant certains des souvenirs d’enfance marquants de l’artiste, le tout en se régalant de véritables toasts « coupées en grange » et de crémage sur des batteurs, dans une ambiance ludique et joyeuse à l’image de l’artiste. La qualité des textes de présentation, teintés d’humour et d’œuvres telles que Backwash à l’Hydro, a été soulignée par le public, qui a aussi mentionné la grande authenticité du travail présenté. 

Connue pour son travail au sein de plusieurs organismes en Abitibi-Témiscamingue, Staifany Gonthier est, entre autres, derrière le fameux symbole de l’orignal du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Évoluant dans l’univers de la peinture depuis la maternelle et gravitant autour d’enfants et de gens jeunes de cœur, Staifany s’inspire du quotidien pour créer.  

Crédit photo : Staifany Gonthier

UNE TRANSE CRÉATIVE 

Comment se passe une séance dans son atelier? « Un simple arrangement de couleur à l’épicerie peut me déclencher une envie de créer! J’entre alors dans l’atelier, je pars la musique et je pars en transe à cause d’un simple pitahaya! » La musique fait partie intégrante de son processus créatif. « Merci, Patrick Watson, Jean-Michel Blais, lance-t-elle. Il n’y a pas une œuvre qui s’est faite sans musique ». L’artiste se laisse ainsi totalement aller à la création, si bien que lorsqu’elle émerge de sa bulle, elle est parfois la première à s’étonner de ses œuvres. 

Pour Licher les batteurs et manger 8 toasts au beurre, l’artiste a vaincu les blocages propres à la création d’œuvres abstraites en se servant de souvenirs accumulés dans sa mémoire, et dans ses armoires! Des jeux dans le carré de sable avec ses deux frères à la couleur aqua tirée d’une vieille carte de souhaits, tout devient prétexte à des toiles. 

L’ABOUTISSEMENT D’UNE LONGUE EXPLORATION 

Si Staifany Gonthier a attendu si longtemps avant de présenter une nouvelle exposition, c’est qu’un long travail de recherche et d’exploration a été nécessaire pour arriver à trouver ses véritables repères. Il lui a fallu « déconstruire le style graphique » auquel elle était habituée en raison de son métier de graphiste. « Ce n’est pas juste ça, Staifany Gonthier », sentait-elle. 

Certaines personnes se souviennent que l’artiste avait exposé, il y a plusieurs années à l’Abstracto, au Trèfle noir et au Gisement, des tableaux très colorés sur lesquels étaient illustrés des animaux avec des boutons. Si la couleur est toujours au cœur de sa démarche, c’est désormais dans l’abstrait qu’elle s’exprime. Staifany sent maintenant qu’elle a « abouti à [son] style » et ose s’affirmer haut et clairement comme artiste. Elle avait très hâte de montrer où elle était rendue : tous les tableaux de Licher les batteurs et manger 8 toasts au beurre ont été créés dans la dernière année. 

L’exposition maintenant derrière elle, de même que Murmures identitaires, une œuvre participative commandée par la Ville de Rouyn-Noranda pour le premier Gala des prix Régal, Staifany Gonthier ne manque pas de projets. Elle poursuivra son travail de muraliste avec une réalisation au-dessus de la Bijouterie l’Oracle sur la 3e Avenue à Val-d’Or en 2024. Par ailleurs, l’artiste n’exclut pas de « surprendre les gens avec des écrits » et de reprendre également le travail à l’encre qu’elle avait perfectionné au Japon. Elle poursuit en plus la création de toiles dans son atelier nouvellement aménagé. Son ambition? Que ses œuvres sortent de la région et qu’elle puisse vivre de sa pratique artistique. Rien n’est impossible pour une artiste qui a trouvé sa couleur. 


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