Le Festival de contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue (FCLAT) fête ses 20 ans du 26 septembre au 1er octobre, précédé par un off-festival du 17 au 24 septembre, avec des événements qui se tiendront aux quatre coins de la région, à Val-d’Or, Malartic, La Corne, Amos, Rouyn-Noranda et La Sarre. 

Vingt ans, c’est l’occasion de faire un bilan, de regarder vers l’avenir, certes, mais aussi de se rappeler du chemin parcouru. Nicole Garceau, présidente depuis les débuts, bénévole qui tient l’événement à bout de bras, a bien voulu conter son festival. « À l’automne 2003, j’avais déjà l’idée de partir un festival de contes, je suis donc allée à Sherbrooke avec Claude Boutet, au plus vieux festival de contes au Québec, Les jours sont contés, et de là, j’ai décidé que je voulais ça pour Val-d’Or et la région. » 

Pourquoi le conte; pourquoi la légende, la parole? Pour Nicole Garceau, c’est une certaine manière de renouer avec les racines de l’Abitibi, une région jeune. Elle ajoute, avec une belle image, que le conte est le cinéma du pauvre et que dans les chaumières de l’époque de la colonisation, tout ce qu’il y avait, c’étaient des veillées où les gens racontaient des histoires. 

Au début, le Festival avait lieu fin mai. Quelquefois en même temps que le Salon du livre, quelquefois en même temps que le Festival des guitares du monde. Les lieux où l’on racontait pouvaient varier : église orthodoxe, mine de Bourlamaque, chalet de ski de fond, mais toujours aussi dans les écoles et dans les villes et villages de la région. Finalement, depuis quelques années, les dates se sont ancrées fin septembre. 

En 20 ans, l’événement a traversé des tempêtes et rencontre encore des embûches. Pour Marta Saenz de la Calzada, conteuse, il y a le manque de financement, la méconnaissance, de la part des villes de Val-d’Or et d’autres villes de la région, de l’importance de la répercussion de ce festival dans la vie professionnelle des conteuses et conteurs de l’Abitibi. Il y a aussi la difficulté de travailler dans une région où les distances sont grandes. 

Retenons surtout les bons et grands coups. Le Festival a toujours tenu à accorder une place importante à la parole autochtone, notamment avec la présentation de la pièce de théâtre, en lecture vivante, Les reines de la réserve de Tomson Highway, avec Joséphine Bacon dans un des rôles, la présence constante de Robert Seven Crows et la venue de Natasha Kanapé Fontaine. Autre fierté, la participation de grands conteurs et grandes conteuses d’ici et d’ailleurs comme Fred Pellerin à ses débuts, Jocelyn Bérubé, Joujou Turenne, Jeanne Ferron, Jihad Darwiche, Luigi Rignanese, Michel Faubert et Lucien Gourong. Une place de choix a également toujours été donnée aux conteuses et conteurs de la région comme Marta Saenz de la Calzada, Pierre Labrèche, Guillaume Beaulieu, Louise Magnan et Mélanie Roberge, ce qui leur a permis de se faire connaître et de rayonner ensuite dans d’autres grands festivals au Québec, en Europe et en Amérique latine. 

Nicole Garceau insiste pour rappeler que le Festival existe grâce au travail de dizaines de bénévoles, qui donnent leur temps et leur énergie, et ce, depuis 20 ans. Que réserve l’avenir? Pour Marta Saenz de la Calzada, il sera difficile de remplacer Nicole Garceau. Il y a donc un travail de restructuration et de financement efficace à faire. Céline Lafontaine, impliquée dans le Festival, affirme que le FCLAT vise à se donner les moyens pour s’affranchir d’un mode de fonctionnement exclusivement bénévole.  

Mais surtout, le Festival veut continuer à participer au dynamisme et à la richesse culturelle de la région. Il restera un événement présent sur tout le territoire. Le FCLAT souhaite poursuivre son travail de médiation pour rendre la parole vivante et accessible, grâce à des expériences et des œuvres diverses, pour le plus grand nombre de personnes possible. 

Longue vie au Festival. Quand on conte, on a toujours 20 ans! 


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.