Les premiers textes qui ont décrit le territoire sont des récits de conquêtes, d’évangélisation ou de découvertes. Retenons le Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, paru en 1686, dans lequel l’auteur relate le trajet parcouru avec ses troupes, entre Montréal et la Baie d’Hudson, en passant par le territoire de l’actuelle Ville de Rouyn-Noranda. Ce journal peut être considéré comme les premières traces de l’histoire littéraire régionale. 

LES PREMIERS ROMANS (1930-1940) 

Les premiers romans rouynorandiens apparaissent vers les années 1930-1940. Ce sont les œuvres d’auteurs extérieurs à la région. Les plus marquants sont La rivière solitaire (1934) de Marie Le Franc et Sous le signe du quartz (1940) de Damase Potvin. Ces auteurs décrivent avec réalisme les difficultés rencontrées par les premiers colons sur les terres à défricher ou dans les mines. 

Il s’ensuit une période de latence, de 1940 à 1970, marquée par quelques publications sous forme de témoignages ou de monographies, dont J’ai vu naître et grandir ces jumelles (1967) d’Annette Lacasse-Gauthier et En-d’ssour (1973) de Rémi Jodouin. 

LA NAISSANCE D’UNE LITTÉRATURE RÉGIONALE  

Il faut attendre les années 1970 pour parler véritablement des débuts de la littérature à Rouyn-Noranda avec les premières œuvres d’auteurs habitant le territoire. En théâtre, Jeanne-Mance Delisle commence avec Florence–Geneviève–Martha (1972), Y est midi, Pierrette (1973). Dans la sphère romanesque, Nicole de la Chevrotière décrit, dans Rocabérant (1974), la vie d’une infirmière en pays neuf.  

LA CONSTITUTION D’UNE LITTÉRATURE RÉGIONALE (1980-1990) 

L’arrivée d’une génération d’écrivaines et d’écrivains caractérise les années 1980. En roman, Jeanne-Mance Delisle publie Ses cheveux comme le soir et sa robe écarlate (1983). Cette autrice marquera également le genre théâtral par l’écriture de pièces réalistes au langage cru comme Un reel ben beau, ben triste (1980) et Un oiseau vivant dans la gueule (1987). 

En poésie, les chansons de Richard Desjardins paraissent sur différents albums : Boom Town Café (1981), Les Derniers Humains (1988), Tu m’aimes-tu? (1990). Louise Desjardins, pour sa part, écrit plusieurs recueils à partir de 1983. En 1990, La 2e Avenue porte sur son adolescence passée à Noranda. Dans les recueils de poèmes de Jacques Michaud, La Terre qui ne commence pas (1981) et Tous bords, tous côtés (1985), la misère des premiers colons est sublimée jusqu’à l’héroïsme. 

LA CONSOLIDATION D’UNE LITTÉRATURE RÉGIONALE (1990-2000) 

Dans les années 1990 à 2000, la production littéraire s’intensifie et se consolide. S’ajoutent aux auteurs précédents, qui continuent à publier, Jocelyne Saucier, Lise Bissonnette, Fernand Bellehumeur et Yves Beauchemin. En poésie, on retient les noms de Michel Guay, France Lachaîne et Michel X Côté. 

LES ANNÉES 2000 ET LE DÉPLOIEMENT « DE TOUS BORDS, TOUS CÔTÉS » 

De nouveaux auteurs se manifestent : Virginia Pésémapéo Bordeleau, Michel Saint-Denis, Isabelle Vaillancourt, Louis Hamelin (roman); Nicolas Lauzon, Marcel Saucier, Sonia Cotten (poésie); Geneviève et Matthieu, Anodajay (Steve Jolin), Philippe B. (chanson) et René Robitaille (conte). 

Le roman Il pleuvait des oiseaux (2011) de Jocelyne Saucier se démarque et connait un rayonnement national et international. 

Depuis les années 2010, des productions littéraires de qualité couvrent tous les genres et en explorent même de nouveaux. Malgré sa fragilité, la vie littéraire à Rouyn-Noranda est faite d’audace et de détermination. Elle existe fièrement et contribue à nourrir la littérature québécoise et la littérature tout court.