Le samedi 4 février dernier, au petit matin, un grand homme est parti : Jean Robitaille, un homme qui avait, depuis son tout jeune âge, la fibre artistique. Un homme apprécié pour sa rigueur intellectuelle et son sens de l’humour hors du commun, appuyé par son sempiternel petit côté pince-sans-rire subtil. Un érudit, un homme attachant. 

De sa tendre jeunesse, nous ne savons rien, ou si peu, cet homme discret ne cherchant pas les feux de la rampe, sauf durant ses périodes théâtrales et musicales. N’a-t-il pas foulé les planches avec la troupe valdorienne Les Insolents, participé à des revues avec les Trouvères et les Nomades et chanté de sa belle et riche voix de baryton devant un micro avec le groupe Les Zingari (1970-1971)? 

Brillant homme, mais qui ne cherchait jamais à briller, il s’est également intéressé à l’histoire de Val-d’Or en s’impliquant auprès de la Société d’histoire et de généalogie. Il a ainsi participé, avec Jean L’Houmeau et Denys Chabot, aux recherches et à la cueillette de renseignements qui devaient mener à la rédaction et à la publication d’albums historiques. Jean a également présenté au conseil de ville un dossier à propos du château d’eau qu’une certaine administration avait dessein de terrasser… et qui se dresse encore fièrement sur sa « Côte d’Or ». 

Et que dire de ses talents de photographe? Accompagné de son chauffeur de beau-frère, le sculpteur Jacques Pelletier, caméra en main, Jean a sillonné l’Abitibi de fond en comble à la recherche d’anciens sites miniers à immortaliser sur la pellicule. Ce qu’il a d’ailleurs réalisé en présentant ses œuvres à la salle d’exposition du Complexe culturel Marcel-Monette de la Ville de Val-d’Or. Ses photographies ornent maintenant les murs de la salle de réunion de la MRC de La Vallée-de-l’Or dans l’édifice Hammond de l’ancien quartier de Bourlamaque. 

Il est bon de souligner ici que Jean Robitaille a été le premier récipiendaire du Prix hommage de la Commission culturelle de la Ville de Val-d’Or en 1995. 

LA CAVERNE D’ALI BABA 

Jean Robitaille était conservateur d’une véritable caverne d’Ali Baba autant dans son sous-sol que dans sa mémoire et son cœur. Ayant un fort intérêt pour le domaine artistique et l’histoire avec un grand « H » autant que celle avec un petit, il n’a jamais hésité à investir dans les artéfacts de ses coups de cœur pour appuyer son excellente mémoire qui n’avait, à vrai dire, besoin d’aucune aide… ou si peu.  

Pénétrer dans le musée de Jean, c’était tomber dans une autre époque remplie de manifestations artistiques. On y découvrait tout ce qu’il fallait à un être humain pour bien se meubler l’esprit : livres, bouquins, albums, revues, vinyles et disques compacts d’auteurs et d’interprètes en majorité de langue française. 

Merci pour ce que vous avez été, Jean Robitaille; merci d’avoir enrichi notre paysage culturel et historique. 

Mille mercis, monsieur Jean Robitaille.  


Auteur/trice