En 2022, l’Europe a pratiquement doublé son volume d’importations d’armes, selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm

On pourrait penser qu’avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un conflit qui entre dans son quatorzième mois, ce pays au drapeau bleu et jaune se hisserait en première position des importations. Eh bien non, et ce, en dépit de tout ce qui est envoyé dans ce pays par le truchement des forces de l’OTAN, notamment. C’est le Qatar qui arrive au premier rang des importateurs d’armes, suivi de l’Inde, puis de l’Ukraine, au troisième rang. Suivent ensuite l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Pakistan. 

Cette course à l’armement illustre que le monde se prépare ou, à tout le moins, se tient prêt ou encore qu’il le sera le jour où l’ultime étincelle se produira. Il s’érige ainsi une véritable poudrière dont l’issue rimerait avec « destruction » et « fin apocalyptique ». 

Je l’avoue, parfois, mon optimisme fléchit.  

Il fléchit de voir qu’on adopte dans le discours public les prémisses mêmes de ce qui, un jour, sera le pas de plus en avant, le doigt qui recule un peu plus sur la gâchette et qui se traduira par un autre gâchis de l’humanité. 

Et alors, on fait quoi? On ne fait rien? On laisse aller tout simplement? 

Il est là le problème. Tout là!  

Ne rien faire tout comme se lancer dans l’action à pieds joints sont des décisions qui affecteront la vie et le cours de l’Histoire d’abord à des milliers de kilomètres, mais rapidement chez nous, en raison de l’effet boomerang de l’existence dans un monde globalisé.  

En février dernier, l’Agence internationale de l’énergie atomique a rapporté avoir détecté de l’uranium enrichi à 84 % en Iran, soit dans l’antichambre des 90 % nécessaires à la production d’une bombe atomique. 

Les instances surveillent, pendant que d’autres envoient des ballons-espions, des engins volants, ou disséminent des applications numériques pour mieux épier l’autre… 

L’impuissance est manifeste devant ces jeux et manœuvres sur le grand échiquier politique. Des tractations nous échappent, d’autant que le passé a été oh combien sanglant et dévastateur.  

Et l’histoire se répète, parce qu’on n’apprend pas des leçons de l’histoire. 

Crédit image : Vicky Bergeron

NIE WIEDER KRIEG! 

Plus jamais de guerre! Slogan apparu après la Première Guerre mondiale, repris avec la Deuxième… et encore aujourd’hui, à chaque commémoration, les discours qui claironnent « se souvenir pour que plus jamais… » 

À quoi cela sert-il de placarder qu’on se souvient si la mémoire est éphémère?  

Comme humanité, nous sommes devant un constat d’échec. Nous avons échoué à vivre ensemble. Cette incapacité se reflète partout, dans tout conflit émergent ou lorsque les divergences de vues dégénèrent en tirs nourris. Cette incapacité nous éloigne aussi des autres enjeux qui nous interpellent collectivement. À l’approche du Jour de la Terre, le 22 avril, le compte à rebours lié aux bouleversements du climat retentit une fois encore. Le passif hérité d’une course au développement industriel et à la consommation effrénée nous rattrape. Là où des batailles de tranchées doivent être menées. 

« L’environnement est une arme de guerre. On observe une destruction volontaire de tout ce qui peut être détruit, sans distinction. C’est la politique de la terre brûlée », a déclaré de manière fracassante Ben Cramer, chercheur en géopolitique et sécurité environnementale du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, à Bruxelles, dans une entrevue à la revue We Demain

Je l’avoue, parfois mon optimisme fléchit.  

Néanmoins, je songe déjà aux promesses de renouveau qui viendront dans les prochaines semaines. Et, parce qu’à tout le moins, je me souviens que pour récolter il faut semer, ce printemps, je ferai un jardin. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.