VALÉRIE RANCOURT

En 2020, Guillaume Daraignez devait partir à vélo vivre son rêve américain. Il avait prévu sillonner les États-Unis d’est en ouest, sur les traces de certains de ses auteurs favoris tels que Richard Brautigan, John Fante, Jim Harrison, Charles Bukowski, Émily Dickinson et Raymond Carver. La pandémie a toutefois fait dérailler ses plans, surtout qu’il venait de démissionner de son poste d’éducateur spécialisé à la Protection de l’enfance en décembre 2019.

Il a alors décidé de se mettre à la charpenterie, un rêve resté en veille dans ses souvenirs. En effet, à l’âge de six ans, il avait offert une carte à son père avec les mots suivants : « Bonne fête papa. Je t’ai construit une maison et un divan pour te reposer. » Selon Guillaume, cette carte est le reflet de son intérêt et de son ambivalence entre le métier de l’intervention et celui de la construction. Pendant un peu plus de deux ans, il a perfectionné l’art de la charpenterie. Il a donné des coups de main à des amis et a pris de petits contrats ici et là, ce qui lui a permis de passer du temps dans la nature, dans sa caravane qu’il avait aménagée. Il a également pu en profiter pour écrire, car comme vous l’avez deviné plus haut, Guillaume aime la littérature, autant la lecture que l’écriture. Outre les auteurs américains, il aime Jean-Paul Dubois, écrivain français qui décrit, entre autres, dans ses romans, les grands espaces québécois. Ces vastes territoires ont nourri l’imaginaire de Guillaume. Se pourrait-il que cela l’ait guidé inconsciemment vers l’Abitibi-Témiscamingue?

Guillaume Daraignez photo de Valérie Rancourt

La pandémie s’essoufflant, Guillaume a ressassé l’idée de son rêve américain. Cependant, il a dû modifier légèrement son projet initial, car ses économies ont fondu durant les deux années de pandémie. Pendant ce temps, à Rouyn-Noranda, le conseil d’administration de la Maison du Soleil Levant, organisme communautaire ayant comme mission d’accueillir des personnes vivant en situation d’itinérance, réfléchissait à des stratégies pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Ainsi, l’idée de recruter du personnel en France afin de pourvoir les postes vacants au sein de l’organisme a émergé. Très rapidement, une offre d’emploi a été affichée via le programme Expérience internationale Canada. Parmi les personnes ayant répondu à l’offre se trouvait Guillaume, qui passe une entrevue d’embauche en juin 2022. Moins de trois mois plus tard, il arrivait à Rouyn-Noranda pour travailler au sein de l’organisme.

Vous avez sans doute déjà rencontré Guillaume, arpentant les rues de Rouyn sa tuque sur la tête, l’air un peu bohème. Vous le retrouverez notamment à Livresse pour assister à des événements, à l’Abstracto où il joue aux échecs ou au Saint-Honoré pour écrire. Il se livre aussi à la cueillette de champignons dans les environs de la ville, court autour du lac Osisko et fait de la randonnée avec des amis. Il vous fera sûrement découvrir sa plume dans les colonnes de L’Indice bohémien un de ces jours. Comme vous l’aurez constaté, il est un homme aux intérêts multiples qui voulait se contenter de traverser les États-Unis. Daraignez a plutôt tissé sa toile de Bordeaux à Rouyn-Noranda.


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