Peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir le bagage de Virginia Pesemapeo Bordeleau, artiste multidisciplinaire maniant les pinceaux et les mots. En revanche, elle est une personne modeste, même si en décembre 2021, elle recevait, de la main de la députée Émilise Lessard-Therrien, la Médaille de l’Assemblée nationale pour l’ensemble de son œuvre. Sa réaction? Profondément touchée et surprise par un tel honneur.

À 71 ans, elle voyage moins, mais demeure très active dans plusieurs projets, autant en arts visuels qu’en écriture, et elle priorise les projets qui lui permettent de travailler de chez elle. Quelle est la trame de ses 40 ans de carrière artistique mise en lumière par son exposition rétrospective de 2020-2021? Le désir de parler de sa culture crie et de semer des graines de compréhension entre nos cultures respectives.

Qu’est-ce qui l’allume encore? « La vie, tout simplement. C’est une boule à l’intérieur qui me donne envie de créer ». Elle se sent aussi interpelée par les femmes autochtones disparues ou assassinées et la découverte de tombes anonymes d’enfants sur les emplacements d’anciens pensionnats autochtones. Trop souvent, ce genre de nouvelles fait la une quelques semaines pour ensuite sombrer dans l’oubli au fil de l’actualité qui se bouscule.

DES PROJETS PLEIN LES POCHES

Présentement, elle travaille sur une série de toiles sur les femmes autochtones assassinées où elle souhaite mêler l’acrylique aux broderies de fleurs traditionnelles. Elle est en réflexion, à l’étape des croquis.

L’arrivée de sa petite-fille dans sa vie lui a donné envie d’écrire et d’illustrer une série de contes pour enfants qui sera publiée aux éditions Mémoire d’encrier pour laquelle elle a reçu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Cette série a pour but de créer des rapprochements entre les enfants blancs et la culture autochtone. Les contes raconteront des histoires qui impliquent des enfants en relation avec des animaux. Elle prévoit les publier en 2023.

De plus, elle sera commissaire pour préparer la prochaine exposition Dialogue au MA – Musée d’art en 2024. Les artistes autochtones invités proviendront de la nation innue, de pays nordiques du cercle polaire comme le Groenland, les pays scandinaves ou même la Russie dans le meilleur des mondes… Dialogue vise à réunir des artistes autochtones et non-autochtones dans une exposition qui donne la possibilité d’établir un dialogue entre les deux cultures.

Bref, Virginia Pesemapeo Bordeleau n’a pas dit son dernier mot et restera présente dans notre paysage culturel témiscabitibien encore longtemps. Qui sait, peut-être que sa petite-fille pourra un jour marcher dans un jardin que sa grand-mère aura cultivé à partir de ses graines de culture, que nos deux peuples auront un vrai dialogue, au-delà des préjugés, avec sérénité.


Auteur/trice

Isabelle Gilbert est journaliste bénévole pour L’Indice bohémien depuis 2018. Elle a été coordonnatrice pour le journal communautaire L’Odyssée de Rapide-Danseur de 2000 à 2015 puis de 2017 à 2021. Dès son arrivée en 1999, elle s’est toujours impliquée dans la communauté de Rapide Danseur tout en regardant grandir ses deux beaux enfants. Depuis 2017, elle fait partie du comité organisateur du Rapide Show, un spectacle de variété ayant lieu dans l’église de Rapide-Danseur. Amatrice de plein air et de chant choral, Isabelle aime aussi écrire, coudre et « jouer » de la guitare pour s’accompagner. Depuis 2002, cette touche-à-tout trouve même du temps pour son vrai métier d’enseignante au secondaire!