Odeimen veut dire « petit fruit rouge, fraise ». Et c’est par la ligne métaphorique tracée entre la fraise et le cœur, et entre le cœur et la guérison du corps que les liens sémantiques sont tissés. C’est aussi le titre d’une exposition présentée au MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda, présentée jusqu’au 12 juin prochain.

Cette expo propose le travail de huit artistes anicinabek, et elle dispersera ensuite les œuvres dans les hôpitaux de la région. Pourquoi dans les hôpitaux? Parce que « le titre du projet représente la jonction de l’art et de la santé. Il renvoie à l’art par son caractère imagé et son rapport aux légendes, mais rend également hommage aux guérisseurs et aux savoirs ancestraux en matière de santé », peut-on lire dans la présentation qu’en fait le MA. Ainsi, l’art va guérir les gens du territoire de l’Abitibi-Témiscamingue, toutes origines confondues. On retourne aux puissances fertiles de la grande déesse mère, symbolisée dans ce partage artistique.

C’est aussi un hommage aux travailleuses et travailleurs de la recherche médicale que veut souligner Dominic Lafontaine, un des artistes du projet : « Je veux mettre en évidence leur travail vital, souvent oublié ou pris pour acquis. Je veux faire réfléchir le public, lui faire penser à tous les membres de la famille qui ont été sauvés par la merveille qu’est la médecine moderne. »

Cette exposition permet une ouverture sur les codes et les traditions autochtones, en plus de présenter des artistes actuels au public. Chacun a sa démarche, mais leur désir commun de présenter des symboles et des valeurs autochtones ainsi que d’illustrer leur vision du pouvoir guérisseur permet d’offrir une exposition cohérente et rassembleuse.

D’ailleurs, le monde de l’art moderne s’ouvre de plus en plus à l’art autochtone. Dominic Lafontaine affirme que depuis une dizaine d’années, le milieu culturel s’ouvre davantage, même si une pleine intégration culturelle semble utopique. L’important est de faire preuve d’ouverture et de continuer d’aller vers l’autre. L’art permet ce genre de rencontre humaine et permet de devenir un terreau où bâtir de nouvelles relations. Odeimen est un projet qui va en ce sens.

Les artistes qui participent à l’exposition sont Pascale-Josée Binette, Karl Chevrier, Carlos Kistabish, Dominic Lafontaine, Frank Polson, Jocelyne Robinson, Chantal Simard et Janice Wabie.

Pour de plus amples renseignements, consultez le site Web du MA et celui de Minwashin, partenaires du projet.


Auteur/trice

Après avoir enseigné le français, le théâtre et la littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabrielle Demers oeuvre dans le domaine de la pédagogie universitaire. Elle s’adonne aussi à la performance, aux installations artistiques et aux arts imprimés. Elle se questionne sur les enjeux actuels liés à la féminité dans l’espace public, entre autres.