À partir du 4 décembre prochain, le Centre d’exposition de Rouyn-Noranda (CERN) vous propose non pas une, mais deux expositions de femmes peintres hors de l’ordinaire : Martine Savard et Blanca Haddad.  La première est une artiste d’ici, l’autre est née au Venezuela et habite aujourd’hui Barcelone. Elles se sont rencontrées lors de la Biennale internationale d’art contemporain de Cuba. Si Savard questionne la représentation et l’identité liée au territoire abitibien, Haddad s’intéresse à la représentation féminine dans l’histoire de l’art.

Bien que le corps soit une thématique centrale dans le travail de Martine Savard, l’exposition qu’elle présente actuellement est aussi peuplée de figures animales. « Je ne sais pas si c’est dû à mon retour en région, mais le territoire s’impose dans mon travail, ces espaces immenses et peu peuplés. Même si je voulais m’en défaire, l’Abitibi en moi est indécrottable! » explique l’artiste. D’ailleurs, la récente production fait une place de choix aux panaches de toutes sortes, un emblème de la région selon elle; « Paris a la Tour Eiffel, nous on a les panaches! »

Délaissant les formats carrés plus conventionnels, Martine Savard présente des œuvres sur papier de grands et petits formats. « C’est une suite des petits tableaux sur fond noir que j’ai faits dans la dernière année, mais ce qu’il y a de nouveau dans mon travail, ce sont les tonalités, les textures, les pochoirs. » Avec l’utilisation des vernis, on découvre des présences fantomatiques de personnages en arrière-plan. Toutefois, malgré ces nouvelles explorations, on retrouve dans les œuvres de Martine Savard son langage symbolique pigeant à volonté dans l’iconographie des revues de mode féminines et de la publicité.

L’idée d’inviter Blanca Haddad à Rouyn-Noranda s’est concrétisée avec l’aide de Jean-Jacques Lachapelle, le directeur du CERN. « Toutes les deux, on travaille la représentation du corps. Ses couleurs sont assez crues, elle intègre l’écriture aussi comme un genre de graffiti, directement sur ses œuvres. C’est très expressif. On a comme une parenté dans notre facture visuelle, notre palette, mais aussi dans notre questionnement identitaire », explique Martine Savard. « Blanca s’intéresse à qui nous sommes, comme femmes, comme artistes, en art et en société. Elle dénonce des choses avec une énergie franche, son travail est très féministe et revendicateur. Elle a du panache! », s’exclame Savard au sujet de son invitée. Cette dernière travaillera d’ailleurs in situ pendant la semaine précédent le vernissage de l’exposition.

Bien entendu, l’idée derrière cette rencontre est de développer des maillages afin de permettre aux artistes d’ici d’aller à leur tour, éventuellement, exposer à l’étranger. « C’est important de faire circuler notre art parce que c’est comme ça qu’on existe », confie Martine Savard.


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