C’est une roche brute que l’on concasse pour en extraire de l’or, de l’argent, une pierre précieuse. C’est un mouton dans un pré qu’on rafraîchit au printemps en lui prenant sa laine. C’est un arbre grand et fort qui s’incline pour ressusciter. C’est une terre malléable qui attend les mains du potier. C’est le pigment que l’on ajoute à une matière pour lui donner une personnalité particulière. Derrière chaque objet que l’on retrouve chez l’artisan, c’est un univers qui se cache, c’est un chemin parcouru de la nature à votre regard. Un chemin invisible pour plusieurs et qui mérite qu’on le révèle.
Certains ont le don des chiffres; d’autres, le don des lettres. Certains ont la vocation de prendre soin des enfants, des malades, de la communauté. Certains ont la faculté de construire des cathédrales. Certains ont le don de pouvoir deviner le potentiel qui dort dans une matière inerte et de lui insuffler la vie. Cette capacité de transformer la matière en magie, c’est le propre des artistes et des artisans, qui d’une façon qui leur est toute particulière, traduisent dans leur langage ce qu’ils voient dans l’univers.
C’est ainsi que le mouton enveloppera l’enfant de sa laine, qui fut lavée, cardée, filée, tissée, tricotée, cousue. Que l’argile ordinaire deviendra cette assiette qui nourrira votre famille, vos invités, après que des mains amoureuses lui aient donné une forme, comme par une caresse. Derrière le geste de l’artisan, il y a une intention, celle de métamorphoser la matière afin de l’ennoblir. Là où un passant voit une simple pierre, l’artiste voit une sculpture en devenir. Cette capacité de voir, de projeter dans l’imaginaire un objet inexistant, c’est le don des créateurs, qui à leur tour offrent le fruit de leur travail à ceux qui savent recevoir et apprécier le chemin parcouru entre l’idée et sa réalisation.
Lorsqu’on achète l’œuvre d’un artiste, ce n’est pas seulement un objet que l’on acquiert. Derrière chaque œuvre, ce sont des années de réflexions, d’essais et d’erreurs, de quête et d’exploration qui se cachent. C’est le résultat unique du travail d’un être unique, imprégné de son monde, de son territoire, de sa culture, de ses doutes, de ses manies, de sa curiosité. Lorsqu’une œuvre trouve son public, c’est qu’une véritable rencontre a lieu, dans un espace abstrait qui se passe volontiers de la parole. Il y a un émetteur, l’artiste, et un récepteur, le public. La communication a lieu, et cette simple et très humble réalité suffit souvent à donner à l’artiste les ailes dont il a besoin pour continuer son cheminement.
Quand vous vous trouvez dans une boutique ou un marché pour vos achats de Noël, il est facile de perdre de vue ce qui fait la différence entre l’objet de manufacture et l’objet fait à la main. Si ce dernier est plus cher, peut-être, il a sans aucun doute plus de valeur, étant porteur de ce désir de l’artiste ou de l’artisan, de sa vision, de sa créativité. Ce fruit d’un travail longuement mûri, il est important d’aller jusqu’à l’arbre pour le cueillir.
Nous vous invitons à faire un petit voyage à travers nos pages et sur les routes de l’Abitibi-Témiscamingue afin de découvrir des artisans fascinants qui fabriquent des merveilles dans l’ombre de leurs ateliers. Celui qui allie les bois précieux aux mécanismes complexes d’un moulin à poivre ou d’une lame. Celle qui coule dans le métal la dentelle des fougères ou du bois brut. Celui qui transforme un piano en armoire à épices. Ceux qui vous habillent d’une image impérissable. Ceux qui mettent leur passion au service de leur communauté. La région n’a jamais été aussi foisonnante et je souhaite à tous les artisans que le public réponde présent!