L’hiver n’est pas terminé et les soirées sont encore un peu longues? Vous cherchez quelque chose à faire? Avez-vous déjà pensé à lire un roman Harlequin? un roman de science-fiction?

 

 

À la croisée entre la science-
fiction et le roman d’amour, le livre de Josette Saint-Laurent raconte l’histoire de Samantha et Samuel, deux scientifiques qui découvrent qu’ils ont une mission qui leur a été conférée par des extraterrestres (aussi appelés des visiteurs) : le Seigneur des seigneurs, Ouan (c’est son nom), son conseiller, Chelmi, et le gardien, Zack.

Vous êtes un lecteur distrait? Vous craignez de vous emmêler entre les deux genres? Laissez-moi vous rassurer : la partie « science-fiction » est identifiée en « communications » à la distinction de la partie « classique », numérotée en « chapitres ». Et si cela ne suffit pas, la maison d’édition a utilisé des caractères d’impression différents.

L’histoire est ancrée dans des thèmes bien choisis de l’actualité, rapports de force entre les pays, négociations en coulisses entre les têtes de gouvernements, vols dans les sites historiques, trafics de drogue et d’objets d’art, violence, rapports hommes-femmes…

Il reste qu’à la base on retrouve la formule facile du beau gars qui sauve la jeune fille en détresse, mais indépendante, qui a refusé les avances d’un patron malhonnête (pas juste parce qu’il cherche à exercer son autorité et à abuser de son pouvoir, mais bien parce qu’il fraie avec des malfrats). Il est aisé de perdre le fil dans la mesure où les parties manquent parfois de cohérence : on laisse les personnages dans un lieu ou une situation que l’on ne retrouve pas lorsque l’on retombe dans cette partie-là du livre. Par exemple, l’extraterrestre féminine Shick s’évanouit à la page 233, à la fin de la neuvième communication, mais dans la communication suivante, p.258-261, il n’est plus question de Shick : ces messieurs l’ont-ils laissée évanouie sur le carreau? Ont-ils changé de salle parce qu’une femme en tas par terre, cela fait désordre? Je tiens tout de même à vous rassurer : elle réapparaît bien portante à la page 310, lors de son procès.

La pauvre Terrienne qui comprend ce qui se passe (parce que les Seigneurs ont bien voulu se servir d’elle pour aller porter la bonne parole en mettant à sa disposition des documents qui n’existent que pour les extraterrestres) se retrouve chargée d’une bien lourde mission, surtout lorsque l’on pense au sort réservé aux prophètes. Les têtes des gouvernements du monde sont informées de ce qui se trame, mais ils sont mesquinement contre parce que seul leur pouvoir individuel  les attire, et au diable le Bien de leur nation, de la planète ou de l’univers.

Les sections ou chapitres sont présentés en alternance, reprenant le principe du livre de Bernard Werber, Le Père de nos pères, mais avec des liens beaucoup moins subtils. La stratégie de narration ici n’est pas vraiment justifiée par l’histoire. Le style fade rend le texte un peu lourd, et n’est pas aidé par des longueurs, et des répétitions. Quant à l’histoire d’amour… les dialogues s’avèrent dignes des romans Harlequin, permettez-moi de vous donner un exemple : p. 205, le personnage féminin (qui est présentée comme une femme de tête) miaule : « Ne me laisse pas tomber amoureuse de toi, si tu ne ressens que du désir pour moi. » Et le personnage masculin de répondre : « – […] Tu m’attires tellement que j’en ai peur et ce n’est pas que physique. »

Madame Saint-Laurent, qui vit à La Corne, signe ici son premier roman après avoir publié un certain nombre de nouvelles. Je ne doute pas du penchant de madame Saint- Laurent pour le langage ni de ses capacités de raconter une histoire, mais ce livre aurait été plus agréable à lire si l’histoire avait été ficelée en 200 pages.


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