La bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda a mis sur pied en février 2017 un nouveau service destiné aux locataires des résidences pour personnes âgées. Une fois par mois, Martine Gélinas, la responsable, se déplace pour effectuer une livraison de livres aux lecteurs.

Cette livraison est consécutive à une première rencontre servant à informer les résidents et à s’enquérir de leurs préférences de lecture. Cette initiative, originale en Abitibi-Témiscamingue, s’inscrit dans le cadre du projet « Bibliothèque mobile », qui vise, entre autres, à rendre les livres plus accessibles et, par conséquent, à valoriser la lecture.

Ce service est remarquable à plus d’un titre. Je ne rappellerai pas ici qu’un adulte sur deux éprouve des problèmes de littératie au Québec, selon la Fondation pour l’alphabétisation. Je n’évoquerai pas non plus les résultats alarmants et décevants des études, dont celle de Monique Lebrun en 2004, menées sur les pratiques et les compétences de lecture des jeunes. Il me semble pourtant nécessaire de relever que la bibliothèque contribue à favoriser le développement de la lecture et à en promouvoir les vertus par sa démarche. Il en va de l’intérêt et du salut de tous, car la lecture est salvatrice. Jacques Godbout l’a proclamé en 2010 en intitulant son recueil de textes critiques Lire, c’est la vie. Ceux qui ne lisent pas meurent. À petit feu.

Tel est le cas de Karl Loewy, l’humaniste campé par Romain Gary dans son recueil de nouvelles Les oiseaux vont mourir au Pérou. Grand bibliophile, ce Juif allemand se terre dans son sous-sol pour échapper à Hitler. Déçu par la barbarie des nazis, il refuse d’écouter la radio et de lire les journaux que lui apporte son serviteur. Il signe par ce double refus son arrêt de mort. À l’inverse de ce personnage, John Stuart Mill raconte dans son Autobiographie comment la lecture des poèmes de Wordsworth à l’automne 1828 l’a aidé à guérir d’une dépression. Il avait 22 ans. Il deviendra par la suite l’un des plus grands intellectuels du 19e siècle et théorisera le premier la démocratie représentative.

Si le service offert par la bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda ne guérit pas encore, il aide sans aucun doute les bénéficiaires à mieux vivre. Et c’est formidable!


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