Quelle est la place des enjeux féministes dans la littérature des créatrices de l’Abitibi-Témiscamingue? Cette question, parmi bien d’autres lancées le 10 mars dernier à la Bibliothèque de Val-d’Or, a donné lieu à de riches échanges. Dans le cadre de cette soirée organisée par le Service culturel de la Ville de Val-d’Or, la librairie féministe L’Euguélionne et la revue L’Esprit libre, Véronique Filion, Marta Saenz de la Calzada et Marie-Hélène Massy Émond se sont exprimées sur leurs manières très personnelles de vivre le féminisme, au quotidien comme dans leur démarche artistique. 

Pour Véronique Filion, le féminisme traverse toutes les sphères de la création. Si l’auteure cherche à mettre en scène les femmes fortes qui ont marqué l’histoire de la région, elle continue à percevoir les inégalités de genres, notamment du côté du financement en théâtre. Alors qu’elle est à l’aise avec la dimension financière du travail artistique, elle sent qu’on ne la prend pas au sérieux.

Le point de vue féministe partagé par Marta Saenz de la Calzada est celui d’une immigrante, qui perçoit les différences entre sa culture d’origine et son pays d’adoption. Tout en rappelant les victoires féministes passées, elle mentionne l’importance de poursuivre la lutte, alors que la société vend encore aux filles le rêve de se marier et de fonder une famille. Et en littérature? La conteuse parle de l’écriture comme lieu de liberté, citant au passage l’essai de Virginia Woolf Une chambre à soi. Après tout, le féminisme n’est-il pas intimement lié au désir d’être libre? 

Dans une performance sonore mettant en scène le territoire et des lieux mythiques de l’Abitibi, Marie-Hélène Massy Émond exprime les liens entre les luttes féministes et écologiques. Citant les auteures marquantes de la région desquelles elle s’inspire, elle situe son travail dans celui des luttes féministes, mais aussi dans la lutte contre les systèmes de domination et d’oppression qui taisent les situations problématiques, dont la destruction du territoire. 

Ainsi se vivent de façons variées les états de femme, d’artiste et de féministe dans notre région. Sans avoir épuisé ce complexe sujet, ces prises de parole ont assurément suscité des réflexions chez bien des personnes présentes à la soirée. 


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