Au moment où les grands médias écrits sont en crise et se voient forcés de fusionner, de réduire leurs effectifs et de se décliner sur plusieurs plateformes, il pourrait être tentant de conclure à la perte de leur pertinence. Pourtant, d’irréductibles médias communautaires résistent encore et toujours pour offrir aux citoyens une information hyperlocale. Pour dresser un portrait de ce phénomène bien présent en Abitibi-Témiscamingue, L’Indice bohémien a discuté avec les responsables trois médias communautaires :
- L’Éveil campagnard, de Saint-Marc-de-Figuery
- Le Montbeillard en bref
- Le Parchemin, de Saint-Eugène-de-Guigues
L’Éveil campagnard a vu le jour au début des années 2000, lorsque Jocelyne Bilodeau est devenue agente de développement à Saint-Marc-de-Figuery. « C’est la première tâche qu’on m’a confiée », se souvient-elle. Le village avait alors un feuillet paroissial et un autre municipal, publiés de façon irrégulière, et le besoin d’une source d’information locale plus structurée et régulière se faisait sentir. Du babillard communautaire de ses débuts, L’Éveil est devenu un mastodonte pouvant atteindre les 64 pages avec des chroniques allant de la météo aux avis municipaux, en passant par les annonces d’événements à venir et la couverture de ceux du dernier mois.
Créé dans les années 90, le Montbeillard en bref a survécu à la fusion municipale de 2001. Il demeure un élément crucial de l’identité montbeillardoise. « Les citoyens nous le signalent quand ils ne reçoivent pas leur journal. C’est une lecture qui leur tient à cœur », remarque Joanie Duval, coordonnatrice bénévole du journal depuis l’an dernier. Malgré cet enracinement solide, les défis sont au rendez-vous pour le mensuel : plusieurs contributeurs sont âgés et le recrutement de la relève est un défi. Mme Duval souhaiterait voir son journal prendre une direction similaire à celle de l’Éveil campagnard. « On a un projet avec l’école primaire et on aimerait avoir plus de voix citoyennes dans le journal », explique-t-elle.
À Saint-Eugène-de-Guigues, le journal développé il y a quelques années par l’employé de la municipalité, Robert Hénault, est maintenant sous la responsabilité d’Émile Barrette, son successeur. Ce dernier ne se dit pas inquiet pour l’avenir du Parchemin : les sujets ne manquent pas, les collaborateurs sont fidèles et une jeune collaboratrice du secondaire, Maude Dénommé, s’est récemment jointe à l’équipe. M. Barrette attribue la résilience des journaux comme le sien au sentiment d’appartenance locale. « Moi, je viens de Lorrainville et j’ai compris tout de suite en arrivant que l’identité de Saint-Eu était plus forte que je [ne] le pensais », relate-t-il en riant. Cette analyse est partagée par Jocelyne Bilodeau qui estime que son journal est devenu un outil de développement pour le sentiment d’appartenance à Saint-Marc. « Au fond, les gens aiment ça entendre parler d’eux autres », conclut-elle avec un sourire dans la voix, « et c’est ça que ça fait, un journal ».