Tel un cocktail explosif, le stress et l’anxiété sont de véritables bombes à retardement, particulièrement en contexte d’apprentissage. Il devient de plus en plus courant de les retrouver dans le paysage universitaire, s’immisçant auprès d’étudiants qui, jusque-là, avaient démontré leur capacité à se rendre à ce niveau. En tant que pédagogue, on peut observer une recrudescence de l’anxiété (de performance?), possiblement exacerbée par la pandémie de COVID-19 et ses conséquences telles que les fréquents changements de mode d’enseignement (en présentiel, à distance ou hybride). La situation ne laisse personne indifférent et on se demande comment faire une différence dans un contexte d’enseignement-apprentissage, ne serait-ce que par une intervention de base.
STRESS ET ANXIÉTÉ
Le stress donne l’impression de la pression du temps. Il comprend plutôt cinq dimensions, à savoir le contrôle faible, l’imprévisibilité, la nouveauté et l’égo menacé (Lupien, 2020). Il est clair que ces dimensions ont été mises à rude épreuve au sein de la communauté universitaire durant la pandémie et ont alimenté les caractéristiques d’une anxiété démesurée.
Devant un élément de stress, nous réagissons pour nous adapter en anticipant les conséquences. Cette réaction – l’anxiété – peut contribuer à augmenter le rendement et la mémoire d’un individu, mais si elle est excessive, elle devient inadaptée. À la base d’une telle anxiété, on retrouve une intolérance à l’incertitude et une difficulté accrue dans la régulation des émotions (émotions fortes, négatives) et des stratégies inadaptées pour les gérer.
ANXIÉTÉ DE PERFORMANCE
L’apprenant anxieux souffre. Cette anxiété s’exprime dans des situations d’évaluation qui clignotent comme des menaces entretenues par des pensées intrusives, dites parasites, créant ainsi un inconfort émotionnel sans répit. Cette anxiété de performance révèle une personne qui est aux prises avec une peur démesurée de commettre des erreurs – ce qui génère forcément des situations de redoublement d’efforts et une personne motivée par le rendement. L’anxiété va souvent au-delà de l’assurance que voudrait donner un professeur à un étudiant qui, voulant se surpasser, répondrait fièrement : « On veut remettre un travail à la hauteur de nos attentes envers nous-mêmes ». Cette phrase pleine de vœux pieux peut facilement emprisonner les deux protagonistes dans une spirale de performance incroyable, même pour les personnes les plus avisées.
QUELQUES PROPOSITIONS BIENVEILLANTES
Plusieurs voies sont certes envisageables. L’une peut viser la gestion de l’anxiété, tandis qu’une autre peut passer par le lien d’enseignement-apprentissage. Toutefois, une double prémisse demeure : pour les étudiants, celle de ne pas se complaire dans cette anxiété; pour le corps enseignant, celle de ne pas se contenter d’observer. L’idée est d’agir ensemble.
La première avenue nous mène à accueillir nos émotions et pensées de manière proactive et sans jugement. De même, user d’autocompassion en ayant un discours intérieur positif et patient est un autre atout à la portée de tout un chacun permettant de gérer sainement l’anxiété.
Une autre proposition a trait à l’état d’esprit. Selon Dweck (2017), l’état d’esprit adopté influence profondément la manière dont nous nous comportons. Certains croient en des qualités et des capacités définies (état d’esprit fixe); d’autres, en des capacités cultivables par nos efforts et l’expérience (état d’esprit de développement). Les premiers s’enliseront à vouloir encore et toujours faire leurs preuves (de leur intelligence, personnalité et caractère). Ils sont en mode d’évaluation du rendement et visent la performance (catalyseurs de stress et d’anxiété) (Seidah et Geninet, 2020). Les seconds s’occuperont plutôt à développer leur intelligence et à accepter de grandir par l’épreuve avec la conviction que le véritable potentiel peut toujours augmenter. Ils ont des buts de maîtrise qui impliquent avant tout le développement d’une habileté et d’une compétence.
Ainsi, l’étudiant avec l’état d’esprit fixe a des idéaux inatteignables, alors que celui avec l’état d’esprit de développement se laisse stimuler par ses idéaux en se concentrant davantage sur l’expérience à long terme qui permet de les atteindre. Dans ce contexte, les notes deviennent des moyens d’apprentissage et la connaissance elle-même est valorisée.
De même, le maître avec l’état d’esprit de développement a aussi une passion pour le processus d’apprentissage et aide ses étudiants à développer leur intellect et leur talent. Une telle personne nourrit des attentes élevées pour tous ses étudiants, qu’ils soient déjà en situation de réussite ou non. Pour maintenir de hautes exigences, il s’assure de créer une atmosphère de sollicitude (et non de jugement), bien que rigoureuse. Elle adhère plutôt à la dynamique « je vais t’apprendre » plutôt que « je vais évaluer ton talent ».
Devant cette anxiété guettant les étudiants universitaires, il devient incontournable que ceux-ci se donnent le droit d’apprendre dans une optique de développement et abordent l’échec comme une occasion d’apprentissage.
Il importe donc d’approcher chaque situation du parcours universitaire comme étant absolument parfaite pour la croissance et l’apprentissage (Peacock, 2007).
Il devient tout aussi primordial que le maître, même avec des contenus-matières exigeants, favorise un climat d’apprentissage sain, empreint de confiance et de bienveillance pour ses étudiants; une indulgence bien délimitée et qui aurait tout avantage à être bidirectionnelle pour le bien-être de tout un chacun.
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RÉFÉRENCES :
Couture, N., & Marcotte, G. (2014). Extraordinaire Moi calme son anxiété de performance : guide d’intervention. Éditions Midi trente.
Dweck, C. S. (2017). Osez réussir! Changez d’état d’esprit. Mardaga.
Lupien, S. (2020). Par amour du stress. Éditions Va savoir.
Peacock, F. (2007). Arrosez les fleurs, pas les mauvaises herbes! Une stratégie qui révolutionne les relations professionnelles, amoureuses, familiales. Les Éditions de l’homme.
Seidah, A., & Geninet, I. (2020). L’anxiété apprivoisée : Transformez le stress en ressource positive. Éditions Trécarré.