L’an dernier, l’Indice bohémien consacrait en avril tout son cahier spécial à l’écologie. Cette année, nous changeons l’approche mais nos préoccupations, elles, n’ont pas changé. Il y a bien des façons de prendre soin de l’environnement, du paysage, de la communauté et des gens qui la forment. D’ailleurs, l’écologie, c’est d’abord l’étude des êtres vivants et de leurs relations avec le milieu où ils vivent.
Loin des espaces publics, une foule d’initiatives inspirantes améliore au quotidien la vie des gens. C’est à certains de ces exemples que nous avons consacré la une de cette édition : atelier d’impro pour aînés, plantation d’arbres en milieu urbain, initiatives rurales de développement culturel et touristique, Jour de la Terre et sensibilisation aux comportements écoresponsables, mais aussi événements uniques et créatifs comme le Festival du DocuMenteur. Même si parfois minuscules, ces succès sont des vraies affaires.
Comme un antidote à la morosité causée par une autre campagne électorale précoce et souvent creuse, les bonnes nouvelles qui surgissent dans la sphère médiatique agissent comme un baume. L’annonce du projet de logement social Kijaté pour les autochtones de Val-d’Or en est une. C’est aussi un pas en avant vers une cohabitation plus juste, dans une communauté globale qui apprend à mieux vivre ensemble. Une question demeure toutefois : comment justifier que ce projet ait pris tant de temps à recevoir le feu vert de la ville?
En ce mois d’avril 2014, je ne peux m’empêcher de penser à Jacques Languirand, ce fou extraordinaire qui était depuis au moins quarante ans à la barre de l’émission Par 4 chemins. Si je parle de lui, c’est qu’il est depuis longtemps le porte-parole du Jour de la Terre, célébré le 22 avril de chaque année.
Bien qu’il vienne de se retirer de la vie publique, Jacques Languirand lègue à notre société un héritage important, tant sur le plan de notre conscience environnementale que philosophique et spirituelle. Je le qualifierais même de fondamental, cet héritage, car par son ouverture d’esprit, son humour contagieux, sa curiosité sans borne pour l’esprit humain, c’est un homme qui aura donné à plusieurs générations le goût de devenir des êtres humains meilleurs. Plus conscients et plus critiques. Plus allumés et mieux informés. Plus responsables de soi, des autres, de notre milieu de vie, de la nature aussi. Jacques Languirand, c’est un homme qui cherche. Sans morale, sans préjugé. L’antithèse du cynisme et de la morosité. Il m’inspire.
Moi qui suis de la génération X, je me souviens clairement des déchets jetés en vrac dans les fossés le long du chemin qui menait au chalet. Heureusement, les temps changent. Lentement, mais sûrement, nous sommes individuellement plus conscientisés sur notre environnement. L’école primaire de mon quartier fait du compost. Paradoxalement, nous consommons plus de pétrole que jamais. Ça me rappelle un concept que mon père tentait de m’expliquer quand j’étais enfant, selon lequel chez l’être humain, contrairement aux autres animaux, l’intelligence appartient à l’individu et non à l’espèce.
Même s’il est souvent difficile de concilier l’occupation du territoire avec le respect de la nature, l’homme étant instinctivement un prédateur, notre intelligence nous permet, parfois, de tenter un sauvetage. Chaque petit geste compte dans la grande balance, et souvent à l’échelle de notre quartier, de notre village. D’ailleurs, le sentiment d’appartenance que l’on peut ressentir envers notre milieu de vie contribue en grande partie à ce que nous nommons le bonheur : la sécurité, le plaisir, les amis et la famille, le sentiment d’être reconnu, de servir à quelque chose, de faire partie d’un tout. On gagne donc tous à prendre soin des autres. Et ça veut dire, souvent, de faire de meilleurs choix collectifs.