Sa générosité n’a d’égal que son amour de l’art. Artiste, enseignante et collectionneuse, Jacqueline Plante a consacré sa vie à soutenir les artistes québécois, réunissant peu à peu ce qui est devenu l’œuvre de sa vie, une collection de près de 2500 œuvres d’art. Désireuse d’assurer la pérennité de cet ensemble, Jacqueline Plante a choisi de faire don de sa collection à la Fondation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Le dévoilement a eu lieu le 26 novembre dernier dans une salle comble et très émue.
Jacqueline Plante est une femme hors de l’ordinaire. Son histoire d’amour avec l’Abitibi-Témiscamingue remonte au début des années 60. Elle est alors religieuse au sein des Sœurs de l’Assomption, qui l’envoient à Amos pour y enseigner au pensionnat. Les sœurs ont un studio privé où elles pratiquent les arts visuels. Jacqueline y côtoie des artistes comme Sr Gertrude Crête et Sr Monique Mercier. Vers la fin des années 60, elle se retrouve à la Polyno de La Sarre pour y enseigner les arts plastiques.
Au début des années 70, son chemin la ramène plus au sud de la province car Jacqueline a choisi d’entrer à l’École des Beaux-arts de Québec pour y parfaire sa formation d’artiste. Peu de temps après, le Cégep de Rouyn-Noranda recrute des professeurs d’arts plastiques; c’est donc l’occasion idéale pour revenir dans sa terre d’accueil. Elle y fait la connaissance de Louis Brien, avec qui elle fondera quelques années plus tard l’atelier de gravure les Mille Feuilles, dont elle a enrichi généreusement la collection d’une prolifique production personnelle.
Ce n’est qu’au moment de la retraite que Jacqueline quitte la région pour se rapprocher des siens. Elle ouvre une galerie d’art à Sherbrooke et participe à de nombreuses expositions, tout en soutenant de façon concrète les jeunes artistes qui croisent son chemin. « C’est une maniaque d’art, presque une acheteuse compulsive d’œuvres! » raconte son amie de longue date Jeannine Provost. « Jacqueline est une femme très généreuse et positive. Elle est l’abondance même, tant dans la création que dans la générosité.»
Le fruit de son amour pour l’art s’est transformé peu à peu en véritable collection. Arrivée à un moment de son parcours où elle doit composer avec une maladie grave, Jacqueline se préoccupe du sort des œuvres dont elle a la responsabilité. De connivence avec son ami Richard Pednault, directeur et conservateur au Musée Laurier, ils contactent alors Simon Gaivin à la Fondation de l’UQAT pour tâter le terrain, au mois d’août 2014. « Au départ, on se demandait si c’était une farce », avoue M. Gaivin, tellement l’offre était difficile à croire. « On ne savait pas non plus la valeur de la collection ni ce qu’elle contenait en détails, on a donc décidé, la rectrice Johanne Jean et moi, d’aller rencontrer Jacqueline Plante directement et voir les œuvres. On voulait connaître les objectifs de Mme Plante et ses attentes. Le coup de cœur a été total! »
Tout s’est ensuite passé très vite. « Il nous a fallu réfléchir et nous questionner, pas sur notre intérêt à recevoir la collection mais plutôt sur notre capacité à le faire correctement », explique Simon Gaivin. « Ça prend tout de même une expertise pour gérer une collection et la mettre en valeur. On a alors approché Rock Lamothe, un de nos professeurs, qui a accepté le mandat. » C’est ainsi qu’a démarré l’aventure incroyable. Une équipe s’est alors attelée à l’ouvrage pour emballer et transporter la collection, qui contient des peintures, des gravures mais aussi son lot de sculptures et d’objets tridimensionnels, ce qui n’est pas pour faciliter le déménagement et l’entreposage de la collection!
Comme le souhaitait Jacqueline Plante, l’UQAT a pris une orientation démocratique en exposant les œuvres directement dans les salles de classe et les lieux ouverts au public. « Chaque salle a une thématique particulière en fonction de différents mouvements artistiques », explique Rock Lamothe, responsable de la mise en exposition des œuvres de la collection. « C’est un beau cadeau à la communauté, mais c’est aussi très exigeant à recevoir! » On a déballé, évalué, trié, regroupé, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour documenter les œuvres. « Ce qui est extraordinaire, c’est que le public n’a pas d’efforts à faire pour aller à la rencontre de l’art. Ça transforme vraiment les salles de cours! » raconte M. Lamothe.
Dès que possible, tous les campus de la région recevront leur part d’œuvres d’art à exposer. Pour Rock Lamothe, avoir une collection est un plus dans la mission éducative. « L’Université a besoin de couleurs pour se définir. Avec le don de Jacqueline Plante, on sent plus que jamais la présence de l’art dans l’institution. » De son côté, Simon Gaivin affirme : « Du jour au lendemain, grâce à la générosité immense de Jacqueline Plante, on devient l’Université du Québec avec la plus grande collection d’art. Son geste est exceptionnel et c’est une grande fierté pour l’UQAT. »