GABRIELLE DEMERS 

Le travail artistique et social de Gabrielle Izaguirré-Falardeau s’inscrit dans la volonté de créer des ponts entre l’art, la culture et la défense des droits sociaux. La coautrice d’Arsenic mon amour s’unit cet automne à l’artiste visuelle Violaine Lafortune, de l’Atelier Les 1000 feuilles, qui est tout aussi reconnue pour sa sensibilité et son engagement. Leur projet s’appuie également sur la collaboration de l’artiste visuelle Julianne Charbonneau, enseignante en arts à l’école La Source, renforçant ainsi la dimension collective et intersectionnelle de la démarche. Le projet vise entre autres à rendre accessibles les arts imprimés, encore trop méconnus et peu diffusés.  

À travers la cocréation de zines, qu’elles orchestreront avec les femmes de Rouyn-Noranda, elles souhaitent mettre de l’avant une culture de résistance et d’autosuffisance, en donnant aux citoyennes les moyens de porter leurs causes. Ici, on vise à ouvrir la discussion sur la crise du logement et sur les défis que cette crise impose, notamment aux femmes. Le zine devient ici un outil de revendication ainsi qu’un espace d’éducation populaire et de mobilisation citoyenne. 

Travail préparatoire à la création des zines | Photographe : Gabrielle Izaguiré-Falardeau

LES RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE DU LOGEMENT 

L’objectif est clair : aller à la rencontre des personnes qui vivent directement les répercussions de la crise du logement. Le projet s’adresse en particulier aux femmes locataires, souvent confrontées à des rapports de pouvoir inégaux avec leurs propriétaires, à des problèmes d’abordabilité et parfois à des situations de contrôle, de violence conjugale ou d’exploitation sexuelle. Dans un contexte où le peu de logements disponibles nourrit la peur et l’isolement, il devient essentiel de redonner confiance aux locataires, de briser leur isolement et de faire valoir leurs droits. 

Les ateliers proposés, inspirés de la démarche socioartistique de Gabrielle Izaguirré-Falardeau, ouvriront la discussion sur la notion d’être ou d’avoir un « chez soi ». Ces échanges nourriront ensuite la création des zines, qui deviendront autant de supports d’information et de sensibilisation. Le lancement des zines, prévu en février, marquera une étape importante, celle de donner une voix aux locataires, de valoriser leurs expériences et de transformer leurs réalités en créations collectives. 

En Abitibi-Témiscamingue, la réalité est particulière en ce qui concerne le logement : les travailleurs en navettage (fly-in fly-out), la prolifération des Airbnb et la mainmise de compagnies locatives sur le marché immobilier accentuent la précarité et limitent l’accès à des conditions de vie dignes. Se loger est difficile, se loger décemment l’est encore plus. Dans ce contexte, le projet propose un véhicule artistique comme outil de revendication et de partage. Ainsi, une dimension humaine majeure demeure au cœur de cette initiative : le maillage entre l’art et la défense des droits des plus vulnérables. Miser sur la liberté créative des artistes participantes, tout en plaçant les locataires au centre du processus, permettra de faire émerger une parole forte, porteuse de changement et de solidarité. 

Un zine (de magazine ou fanzine) est une publication artisanale, souvent faite à la main ou avec des moyens simples : photocopie, collage, dessin et impression maison. Ce n’est pas un produit commercial, mais bien un outil d’expression libre, créé par des personnes ou des collectifs qui veulent partager des idées, des récits, des luttes ou des univers artistiques. 


Auteur/trice

Après avoir enseigné le français, le théâtre et la littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabrielle Demers oeuvre dans le domaine de la pédagogie universitaire. Elle s’adonne aussi à la performance, aux installations artistiques et aux arts imprimés. Elle se questionne sur les enjeux actuels liés à la féminité dans l’espace public, entre autres.