Dans ma chronique précédente, L’art de communiquer la fin du monde, je mettais en lumière le déni collectif et la lourdeur que représente la responsabilité collective et individuelle en lien avec les changements climatiques. Depuis cette chronique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le troisième rapport de la série « Agir coûtera moins cher que l’inaction ».

Le rapport est sans équivoque. D’abord, depuis 2010, les émissions anthropiques nettes de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté dans tous les grands secteurs partout au monde. Les contributions à l’échelle mondiale continuent d’être très hétérogènes. D’ailleurs, triste constat, le Canada se classe parmi les cinq pays avec le plus haut taux d’émissions de CO2 par habitant. Heureusement, il y a une augmentation constante des politiques et lois d’atténuation depuis les dernières années, ce qui permet de diminuer les émissions évitables et d’augmenter les investissements dans les technologies propres (vous avez bien entendu : cela aurait pu être pire). Enfin, sans fermeture anticipée d’une partie des exploitations de charbon, de gaz et de pétrole, nous dépasserons un réchauffement de +1,5 °C. Visiblement, Steven Guilbault a fait fi de ce rapport en donnant honteusement le feu vert au projet pétrolier de Bay du Nord.

Considérant notre réalité régionale où de nombreux travailleurs et travailleuses parcourent des dizaines de kilomètres pour se rendre au travail, que la majorité de la population pratique des sports motorisés à l’année, que peut-on faire individuellement?

Il est vrai que le poids de la lutte aux changements climatiques semble souvent orienté vers les citoyens et citoyennes. Il est aussi vrai qu’au Québec, comme dans la région, la principale source d’émission de GES est le transport. Toutefois, à l’échelle individuelle, il faut se rappeler que la solution réside dans la diminution de notre consommation, de façon générale.

La pandémie a mis en lumière les avantages d’un nouveau mode de vie qui réduit considérablement les émissions de GES individuelles, le télétravail, qui est apprécié par de nombreuses personnes. Alors, dans l’optique de réduire nos déplacements, pourquoi ne pas intégrer la culture du télétravail, du moins à temps partiel? Il est aussi possible de maximiser les déplacements moins fréquents et d’opter pour un deuxième véhicule (au besoin) plus petit et plus économique, voire électrique.

Vous êtes également parmi les personnes qui planifient des rénovations ou une construction neuve? Sachez que des gains environnementaux importants sont possibles sur ce plan. Il existe plusieurs options simples et accessibles à tous et toutes pour réduire l’empreinte écologique et optimiser l’efficacité énergétique des bâtiments, comme le choix de matériaux plus écologiques et de systèmes de chauffage plus performants, l’orientation des bâtiments, les ouvertures vétustes, etc. Ce sont des conseils simples, faciles à mettre en application, et qui font une véritable différence.

Tout comme pour les matériaux de construction, le coût du panier d’épicerie a fortement augmenté au cours des dernières années. Toutefois, de simples gestes peuvent avoir un impact direct : encourager la production locale par l’abonnement à des paniers et l’achat dans les marchés publics, privilégier l’achat de produits québécois au supermarché, réduire sa consommation de produits exotiques hors saison et de viande, et enfin, mieux planifier ses achats pour limiter le gaspillage alimentaire.

Bref, bien que toujours alarmant, le dernier rapport du GIEC est porteur d’espoir. Il ne faut pas baisser les bras. Au contraire, nous devons accélérer le rythme de la transition. « Nous nous trouvons à la croisée des chemins. En prenant les bonnes décisions, nous pouvons garantir un avenir vivable », souligne Hoesung Lee, président du GIEC. Il rappelle qu’une action climatique accélérée et équitable pourra permettre d’atténuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter.


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