JOANIE DUVAL, EN PARTENARIAT AVEC TOURISME ABITIBI-TÉMISCAMINGUE 

Chaque année, les festivaliers affluent vers les quatre coins de notre grande région pour les nombreuses messes culturelles de l’été. Une trentaine de festivals et de pow-wow agissent comme des aimants, attirant des publics variés. Que se passe-t-il quand les subventions gouvernementales de ces organismes à but non lucratif sont réduites? 

UNE PRESSION SUR LE PRIVÉ 

Bien que les retombées économiques de nos festivals soient indéniables – hébergements à pleine occupation, restaurants qui font leurs meilleures recettes de l’année –, nombreux sont ceux qui se retrouvent en grande difficulté parce que leur mission n’est pas à but lucratif.  

Un festival en bonne santé peut même redistribuer de précieux fonds à la communauté. Cependant, quand il peine à joindre les deux bouts sans les subventions de Québec, c’est mission impossible. 

« Ça fait une énorme différence de recevoir tous ces visiteurs pendant les festivals au Témiscamingue. Non seulement pour les entreprises, mais pour les organismes. Les festivals redonnent beaucoup dans la communauté, a indiqué Karie Bernèche, coprésidente de la Chambre de Commerce Témis-Accord. Avec les coupes dans les subventions [gouvernementales], là ce n’est plus de l’argent qui est disponible. Et on voit un effet domino qui crée une grande pression sur les commanditaires, les entreprises. » 

Pour Philippe Lord, propriétaire de la microbrasserie Le Prospecteur à Val-d’Or, cet « effet domino » se fait sentir plus que jamais. « On se fait beaucoup courtiser par les festivals. On a des choix à faire, mais on va toujours avoir dans notre mission de faire rayonner la culture. Il y a beaucoup de pression en ce moment sur le privé qui [a] aussi subi des coupures », a-t-il affirmé. 

L’entreprise valdorienne a su se diversifier et s’adapter à la scène festivalière témiscabitibienne. Elle s’implique dans plusieurs festivals partout dans la région, créant même des bières à leur effigie. « Notre produit nous permet de nous impliquer, même à l’extérieur de Val-d’Or, mais les restaurants et les hôtels eux ne peuvent pas le faire. Donc, c’est important de s’assurer que nos festivals continuent de vivre », a déclaré le microbrasseur. 

Courtoisie de la microbrasserie Le Prospecteur

UN ÉCOSYSTÈME À PRÉSERVER 

Un projet est sur la table avec le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue pour préserver les festivals de la région, a confié Nathalie Langlais, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN). « Pour nous, c’est super important nos festivals. C’est un bel écosystème, un moteur économique pour la région. C’est aussi un outil de rétention et d’attractivité pour les employeurs. Les autres sites touristiques bénéficient aussi des retombées des festivals », a indiqué la directrice générale. 

En effet, une région culturellement vivante a davantage de chances d’attirer différents talents et des initiatives économiques diversifiées. Des entreprises peuvent choisir de s’implanter dans la région, voyant les festivals comme une opportunité d’associer leur image à des événements porteurs de valeurs d’authenticité, d’innovation et de diversité. 

Elle ajoute que la CCIRN, « [est préoccupée par] la diminution drastique du financement. On veut se battre avec eux. Tous nos membres sont importants, autant les festivals, qui sont des OBNL, que les entreprises privées ». 

Courtoisie de la microbrasserie Le Prospecteur

LA GÉNÉROSITÉ DES MINES 

De plus en plus de questions éthiques sont soulevées quant à l’implication des grandes entreprises de l’industrie minière auprès de nos festivals. Un tout autre article pourrait porter sur ce sujet qui a plusieurs ramifications. Pour l’heure, on sait que les festivals dépendent de ces fonds pour survivre. 

« Si tu coupes le financement public, les festivals se tournent vers le privé. On sent un essoufflement du privé. Il y a quand même les grands donateurs comme la fonderie, Moreau, les mines qui financent beaucoup la culture d’ici », a poursuivi Nathalie Langlais. 

Philippe Lord a le même discours sur ces généreux donateurs : « On est choyés d’avoir les mines. Ce sont des entreprises privées vraiment généreuses. Plusieurs festivals mourraient sans ça. Il ne faut pas qu’il y en ait qui meurt. Il faut même qu’on en crée pour faire briller la culture, faire découvrir et rendre le monde curieux. » 

En effet, la mort d’un festival fait mal à la culture, puis l’économie s’en ressent. Tout comme dans un écosystème, les retombées économiques des festivals ne s’arrêtent pas aux jours où ils ont lieu. Les revenus générés font boule de neige, bien après l’événement. Par exemple, un restaurant pourrait utiliser ses gains [des festivals] pour moderniser son équipement ou embaucher du personnel supplémentaire, stimulant ainsi l’économie locale.  

Allez-vous encourager l’économie de la région en allant dans nos festivals cet été? 


Auteur/trice

Femme au parcours éclectique, Joanie Duval a déjà été fleuriste, journaliste et massothérapeute. Elle est revenue à son amour de l’écriture en acceptant avec un grand plaisir le mandat de la rédaction et des communications à L’Indice bohémien. Joanie est également une passionnée d’horticulture et de nature. Elle est d’ailleurs maraîchère sur sa ferme à Rouyn-Noranda et cultive de bons légumes, fines herbes, fleurs et plantes médicinales. Ses intérêts multiples et sa curiosité sans bornes font d’elle une personne en constante évolution qui vit d’audace et de créativité.