JOANIE DUVAL, EN PARTENARIAT AVEC TOURISME ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Il existe depuis près de 50 ans de petits univers culturels sur tout le territoire de la région, chacun d’eux tirant son énergie vitale de bénévoles passionnées. Celles-ci font tourner ces univers avec dévouement dans les bibliothèques du Réseau Biblio.
Aller à la rencontre de quelques-unes d’entre elles, qui travaillent dans les bibliothèques de quartiers ruraux de Rouyn-Noranda m’a rappelé ma mère et ma tante qui nous amenaient, mes cousins et moi, à la biblio de notre village pendant leur tour de bénévolat au comptoir de prêts.
J’aurais aimé avoir assez de temps pour rencontrer toutes les bénévoles, mais j’ai quand même découvert un échantillon de femmes passionnées.

PLUS QUE DES LIVRES
Sur les six femmes que j’ai rencontrées, plusieurs d’entre elles ont affirmé la chose suivante : « La bibliothèque, c’est plus que des livres. » C’est en effet la somme de tout le travail, souvent invisible, que les bénévoles font pour non seulement garnir les rayons de la bibliothèque, mais aussi pour l’animer en tant que lieu de vie commune.
La première à l’avoir dit, c’est Natalie Charbonneau, bénévole responsable des achats à la bibliothèque du quartier Beaudry. Elle a été attirée par cette forme de bénévolat il y a 10 ans, alors qu’elle cherchait à s’impliquer et à se rendre utile dans un domaine qui la passionne : la lecture.
« Quand je lis, je dois sortir de la réalité, donc je lis beaucoup de fantastique. Ne m’apporte pas un roman historique, je décroche. C’est différent pour chacun, donc je demande souvent aux gens s’ils ont aimé ou pas le livre qu’ils rapportent, puis je peux mieux recommander les suivants », explique-t-elle, se qualifiant de « grande lectrice ».
Natalie décrit la bibliothèque comme ses consœurs, c’est-à-dire comme un endroit vivant, qui rassemble et qui fait vibrer la culture. Ces bibliothèques sont souvent dans la même bâtisse que l’école primaire du coin qui l’utilise également, comme à Beaudry. Elles permettent à la communauté de s’adonner à plusieurs activités culturelles qui sont bien loin du stéréotype silencieux que l’on retrouve dans les grandes bibliothèques.
Une dizaine de bénévoles travaillent en alternance dans cette bibliothèque, joignant leurs efforts pour des étapes importantes comme la rotation annuelle des livres, puis pour des tâches hebdomadaires qui rejoignent leurs intérêts et leurs capacités.

PAS DE BÉNÉVOLES, PAS DE BIBLIO
« J’avais le goût de m’impliquer et de participer à revitaliser la vie de mon quartier », déclare Joëlle Deschênes, responsable de la bibliothèque du quartier Cadillac. Il y a un peu plus de deux ans, elle s’est attelée à la tâche alors qu’il ne restait plus que deux bénévoles. La petite équipe a réussi à recruter cinq personnes de plus. Elles ont d’ailleurs rapidement récolté le fruit de leur travail en gagnant, deux années de suite, le prix Biblio d’or dans la catégorie municipale-scolaire.
« Je veux vraiment mettre l’accent sur le fait que les bénévoles sont le cœur des bibliothèques. Sans bénévoles, elles meurent », a martelé Joëlle pendant notre discussion. L’effort de recrutement est d’ailleurs constant dans les bibliothèques de quartier. Il est aussi essentiel que d’attirer de nouveaux abonnés.

UN NOYAU BÉNÉVOLE FORT
Du côté de Destor, j’ai retrouvé deux bénévoles de longue date qui sont également employées du Réseau Biblio. Rita Tremblay, responsable de la bibliothèque du quartier, s’est jointe à l’équipe bénévole en 1996, tandis que Lyne Fortin est présente depuis 2008.
« Notre défi principal est sans aucun doute le recrutement de bénévoles. On propose souvent des activités clés en main qui permettent aux gens de découvrir les possibilités de la bibliothèque. On a aussi la chance d’avoir plusieurs jeunes familles. Alors, on leur demande quelles tâches les intéressent, ce qu’elles veulent faire et nous on s’occupe du reste », a expliqué Rita. « Il faut remettre de l’avant l’importance de recréer le noyau bénévole dans nos communautés, de trouver une relève », a renchéri Lyne.
Toutes deux sont fières de la participation dans leur quartier et particulièrement d’une activité qu’elles ont organisée à l’initiative d’un jeune usager, Octave, âgé de 5 ans. « C’était une belle occasion de se faire connaître et la proposition d’Octave a permis un beau moment culturel dans le cadre des dernières Journées de la culture. C’était un atelier d’écriture et de création d’un album jeunesse », a précisé Rita. L’atelier s’est déroulé sous la supervision de Céline Lafontaine, médiatrice culturelle et bénévole à la biblio du quartier voisin Cléricy.

UNE PORTE VERS LA CULTURE
Céline Lafontaine garde également de bons souvenirs de cet atelier qu’elle a dirigé. Arrivée dans la région il y a six ans, elle a été charmée par le concept de bibliothèque de quartier. Elle a décidé rapidement de s’impliquer de cette façon dans sa communauté, se joignant la petite équipe de trois bénévoles de la bibliothèque du quartier Cléricy.
« Je considère que la bibliothèque est une porte vers la culture et il faut la garder accessible à la population. Ce n’est pas juste emprunter des livres », a affirmé la jeune femme, maman de jeunes enfants. Elle a également souligné l’énorme travail des bénévoles de longue date qui tiennent à bout de bras leur bibliothèque et qui ont un grand besoin de relève.
Après toutes ces rencontres, je suis convaincue que sans le bénévolat de ma mère dans notre petite bibliothèque de village, je ne serais pas devenue la lectrice que je suis. Assurément, c’est un bénévolat essentiel au développement d’une communauté, à l’éveil culturel des petits et des grands. Et surtout, c’est à la portée de toutes et tous de grossir les rangs de ces bénévoles au grand cœur!