La lumière s’absente. Il fait nuit. Normalement, tout, ou presque, devrait s’assoupir au moment où le froid nous pousse à nous réfugier à l’intérieur. Alors que les mammifères, dont nous sommes, ralentissent le rythme pour hiberner en paix, voilà que nous, les humains, nous nous affairons sans relâche. Notre rythme est contre nature, bien sûr, mais il faut performer… 

Les pressions du manque de main-d’œuvre, de l’incertitude économique et des taux d’intérêt nourrissent l’insomnie. L’anxiété fait boule de neige et les rêves manquent d’espace pour se propager. Bref, le rythme des temps modernes use l’âme alors que la vie devrait la faire fleurir. C’est vrai au point où beaucoup échangeront l’hiver pour quelques jours dans un tout-inclus. Les moins fortunés useront d’antidépresseurs ou de tout autre moyen capable de les engourdir. Et malgré les paradis artificiels, les mois de février, mars et avril deviendront témoins d’un épuisement nerveux et d’une détresse avec lesquels nous avons l’habitude de composer… 

Je sais que ce que j’écris n’est pas très joyeux à l’approche du fameux temps des Fêtes. Cette époque de l’année qui contribue à repousser les limites de nos cartes de crédit. On ne peut quand même pas faire toujours semblant de rien. Alors, changeons de ton… 

Il n’y aura pas de sapin ni de décorations dans le salon ou devant la maison. Il n’y aura pas de cadeaux, sinon des silences enneigés lors d’innombrables rencontres. Parce que ça réchauffe, ça éclaire, juste de se voir sans parures ni cadeaux. 

J’en appelle aux étreintes longues comme une nuit d’hiver. Aux confidences qui délivrent. Aux écoutes rassurantes lors des moments présents. À la cuisine inventée sur le coin d’une table avec les restants que l’on a. Aux boissons qui apaisent les esprits. Au poème qui s’envolera pour faire son nid dans l’inconscient. 

J’invoque cette prose qui ne sera jamais mise sur papier. Ces mots qui naissent par hasard et qu’on est seul à entendre puis à comprendre. 

Tout ce que nous avons à faire pour que cela se réalise, c’est juste d’être là, avec les nôtres. Rien d’autre.  

Il n’y aura pas de cadeaux pour les vendeurs d’armes, pour ceux que nous laissons se proclamer propriétaires du bien commun, pour les milliardaires, les pollueurs et les assassins d’espoir. 

Beau, bon et doux solstice à notre humanité! 

Crédit : Pexels – Esteban Arango

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