Véronique Doucet est une artiste multidisciplinaire. Elle évolue dans la peinture, les installations et la performance. Elle est aussi enseignante en arts visuels au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Sa renommée, tant culturelle qu’humaine, est garante d’un travail artistique intense, intègre et saisissant. Cet automne, on lui rend hommage deux fois plutôt qu’une : l’artiste présente une exposition au Centre d’exposition d’Amos, La forêt dans mon ADN, et nous dévoile une rétrospective des 25 ans de son travail au Musée d’art (MA) à Rouyn-Noranda, avec Femme au front. Une saison sous le signe de la force vitale, du pouvoir guérisseur de la nature et d’un féminisme lumineux. 

Crédit : Véronique Doucet

LA REINE DE LA FORÊT 

Véronique Doucet développe son art en se basant sur l’écoféminisme, une approche tant philosophique qu’artistique, qui étudie les liens entre la domination masculine sur les femmes et la domination de l’Homme sur la nature. Avant même de pouvoir nommer cette association avec un jargon théorique, elle a toujours vécu la souffrance de la nature aussi intensément que celle de toutes les femmes. Un peu sorcière, très humaine et foncièrement féministe, Véronique Doucet capte les grandes blessures qui l’entourent et les réinvestit dans son art. C’est ce qui fait qu’on s’épanouit en visitant ses expositions : si on sent les tensions, les drames, la douleur dans ses œuvres, on les abandonne après avoir vu ses œuvres. Ses tableaux abstraits nous plongent dans des univers qui enveloppent; ses installations guident notre méditation et ses performances chamboulent chaque parcelle de notre être. La connexion qu’a Véronique Doucet avec le monde qui l’entoure, qui nous entoure, offre une expérience artistique transformatrice. On ressent et on absorbe toute sa luminosité. 

Crédit : Donald Trépanier

LA FORÊT DANS MON ADN 

Femme de la Mauricie, Véronique Doucet a été bercée par une famille qui vivait du bois. Elle a elle-même planté des arbres, acte écologique qui l’a aussi transformée artistiquement : la grandeur de la forêt va l’inspirer de plus en plus. Au vernissage de son exposition au Centre d’exposition d’Amos, le 8 septembre dernier, elle a dit : « La forêt fait partie de mon ADN. Cependant, j’ai transformé le lien que j’avais avec elle. Je suis là pour recevoir son enseignement et non pour voler ses richesses! » Le lien qu’elle entretient avec la nature est primordial au développement de sa démarche : elle y puise autant la vulnérabilité que la guérison. Intemporelle et universelle, Véronique Doucet offre des tableaux vibrants et des histoires oniriques qui captent notre attention et libèrent nos émotions. 

Crédit : Courtoisie

FEMME AU FRONT : LA RÉTROSPECTIVE 

Le travail de Véronique Doucet s’est construit sur plus de deux décennies. Femme au front présente une relation entre la gestion culturelle et naturelle qui est faite de l’environnement. Si les performances de l’artiste étaient plus nettement engagées auparavant, elles ne débordaient pas moins de tendresse et de sensibilité. Son art a aussi fait avancer les codes artistiques convenus, avec Autopsie d’une autoroute, par exemple, où elle a créé des tableaux et des installations à partir de déchets ramassés en bordure de route. Encore une fois, le discours social s’entremêle au discours écologique, et un désir de protéger la vie s’affiche franchement. L’exposition au MA permettra au public d’apprécier autant l’évolution du travail que le déploiement des thématiques chères à l’artiste. Aussi, le travail de Véronique Doucet sera présenté par Sylvie Tourangeau, une sommité dans l’art performance, avec qui l’artiste a pu faire évoluer son art à quelques reprises. 

Peu importe la technique choisie, Véronique Doucet offre toujours un art expérientiel. Le public ne peut demeurer indifférent devant ces toiles abstraites et vivantes, devant ces installations ludiques et tellement authentiques, ni devant un art performance aussi sincère, vulnérable et puissant à la fois. Apprécier l’œuvre de Véronique Doucet, c’est accepter de se perdre dans la contemplation du monde, du plus grand que soit, et d’en ressortir plus humain. 

La forêt dans mon ADN, au Centre d’exposition d’Amos, du 8 septembre au 5 novembre 2023. Femme au front, au MA à Rouyn-Noranda, du 13 octobre 2023 au 14 janvier 2024 


Auteur/trice

Après avoir enseigné le français, le théâtre et la littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabrielle Demers oeuvre dans le domaine de la pédagogie universitaire. Elle s’adonne aussi à la performance, aux installations artistiques et aux arts imprimés. Elle se questionne sur les enjeux actuels liés à la féminité dans l’espace public, entre autres.