Trois écoles secondaires du Témiscamingue auront le privilège de recevoir une ou un artiste professionnel qui sera en lien direct avec les élèves afin que, ensemble, ils créent une œuvre permanente.

L’idée germe d’abord au sein du Comité local en persévérance scolaire qui s’inquiète de la motivation des jeunes, assurément ébranlée après deux ans de pandémie, alors que les activités parascolaires et les contacts sociaux ont été restreints ou inexistants. Le Rift, en la personne d’Émilie B. Côté, s’assure de la coordination du projet et le ministère de la Culture et des Communications collabore en bonifiant les cachets permettant d’impliquer des artistes professionnels et professionnelles. Une rencontre s’organise avec les trois écoles afin d’établir ce que chacune souhaiterait comme réalisation artistique dans son environnement. Une personne-ressource est aussi nommée dans chaque lieu d’enseignement. Selon les aspirations respectives, un jumelage avec une ou un artiste professionnel s’établit dès lors.

JACQUES BARIL À L’ÉCOLE RIVIÈRE-DES-QUINZE DE NOTRE-DAME-DU-NORD

C’est au sculpteur de Gallichan Jacques Baril qu’Émilie B. Côté a tout de suite pensé quand l’école de Rivière-des-Quinze a émis le souhait de réaliser une œuvre extérieure pour venir égayer l’édifice aux couleurs un peu ternes. Chantal Moreau a ciblé les élèves de deuxième secondaire pour cette expérience artistique enrichissante. « Comme il leur reste encore quelques années à Rivière-des-Quinze, je trouve qu’ils pourront voir leur œuvre encore longtemps, qu’ils pourront en profiter. Ce sont également des groupes très créatifs. Ils se sentent d’ailleurs très privilégiés d’avoir été choisis pour travailler avec M. Baril », confie l’enseignante. Émilie B. Côté rappelle que les jeunes ne font pas qu’exécuter. Il est important qu’ils s’approprient d’abord le projet en lançant des idées et qu’ils restent impliqués tout au long du processus. « Lors de la première rencontre, l’artiste se présente : “Moi, je fais des œuvres de ce style-là. Vous, à partir de ça, qu’est-ce que vous aimeriez voir dans votre école?” »,mentionne Émilie B. Côté à titre d’exemple pour démontrer le réel échange qui s’établira entre l’artiste et les élèves.D’ici la fin de l’année scolaire, Jacques Baril prévoit au moins six visites à Rivière-des-Quinze. Chaque élève aura à créer une pièce, à partir de la démarche artistique du sculpteur, et cette pièce sera ensuite assemblée dans l’œuvre collective. Cette étape se fera à l’été, dans l’atelier de soudure de l’artiste. La création sera finalement dévoilée lors d’un événement pour souligner la rentrée en septembre prochain.

FRANK POLSON AU CARREFOUR DE LATULIPE

Le processus de création est déjà amorcé pour les jeunes de Latulipe. À la fin mars, Émilie B. Côté est venue présenter le projet et l’artiste Frank Polson aux élèves. Comme première étape, M. Polson a d’abord exposé son travail avec des vidéos et des images. On a bien sûr en tête ses animaux aux couleurs vibrantes. L’homme de Long Point First Nation en a profité pour aborder la symbolique des animaux dans la culture anicinabe. La table était mise pour l’idéation alors qu’Émilie B. Côté questionnait les élèves sur leur vision : « Maintenant que vous connaissez le rapport au territoire et aux animaux dans l’œuvre de Frank Polson, qu’est-ce que vous voudriez voir dans la murale? » Frank Polson est reparti avec leurs propositions pour dessiner un croquis. La réalisation de l’œuvre, sous forme de murale, s’échelonnera dans un sprint de deux semaines. Stéphanie Martin, enseignante en arts plastiques, a veillé à d’orchestrer un horaire où des équipes de deux élèves se succèderont auprès de l’artiste. « C’est très riche comme expérience d’avoir un contact aussi personnel avec l’artiste », souligne Émilie B. Côté.

JOANNE ABBOTT À L’ÉCOLE GILBERT-THÉBERGE DE TÉMISCAMING

« En tant qu’artiste, j’aime appliquer un zoom pour capturer le paysage complexe de la nature à travers la couleur et la texture. La première étape du projet implique une séance de brainstorming pour permettre aux étudiants de partager leurs idées et leur vision pour la conception d’une murale. J’utiliserai mon expérience en tant qu’artiste pour aider les étudiants à créer un design unifié qui résume la vision globale », précise Joanne Abbott pour mettre en contexte le projet qui se réalisera à Gilbert-Théberge. Également enseignante en arts plastiques, l’artiste est bien sensibilisée aux bienfaits qu’un tel projet peut engendrer auprès des jeunes : « C’est un plaisir de participer à un projet qui contribuera à favoriser la persévérance et la positivité chez les élèves. Un environnement scolaire de travail dynamique aidera à dynamiser les élèves alors qu’ils relèvent des défis tout au long de leurs années d’études secondaires. Ce projet leur permettra de résumer leur vision à travers l’art et de créer un paysage positif pour l’appartenance et l’apprentissage. » Pendant les mois de mai et juin, on verra des petits groupes d’étudiants s’approprier les couloirs pour y créer une murale qui personnalisera leur lieu d’étude.

En somme, selon Émilie B. Côté, il s’agit de riches expériences aux objectifs multiples. « Dans un désir de stimuler la réussite scolaire, on souhaite favoriser le sentiment d’appartenance des jeunes envers leur établissement scolaire. En plus d’aller à la rencontre du métier d’artiste et de développer leurs aptitudes manuelles, ils pourront contribuer à améliorer leur milieu de vie en dynamisant les espaces communs. » C’est donc à suivre pour le dévoilement des différentes œuvres.


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