La tête dans les nuages, l’esprit qui flotte tout doucement, bercé par les histoires. Gros plan. Arrêt sur image. Gabrielle Gingras est une rêveuse qui vit ses rêves éveillée. 

Les succès se succèdent pour la jeune cinéaste de Ville-Marie. La production Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, d’Ariane Louis-Seize, pour laquelle elle a travaillé comme deuxième assistante à la réalisation, a remporté le prix de la meilleure réalisation de la section Giornate degli Autori, lors du 80e Festival international du film de Venise… avant d’être présentée au Festival international du film de Toronto. 

Gabrielle Gingras a aussi travaillé comme assistante à la réalisation pour la production Rouge Serpent, ainsi que sur le plateau de Club Soly, l’émission animée par Arnaud Soly. 

« J’ai fait mon cours Arts, lettres et cinéma à Rouyn-Noranda et c’est mon professeur Martin Guérin qui m’a convaincue d’étudier en cinéma. Il enseignait avec passion, il en a fait un sujet riche, parlant de création, mais aussi de la société, les émotions également. Ça me parlait beaucoup », confie-t-elle. 

Côtoyer des professeurs ayant simultanément des parcours artistiques a aussi été une source d’inspiration pour la jeune créatrice, tout comme l’émergence d’autres artistes du milieu du cinéma régional, dont la Valdorienne Sophie Dupuis. « Voir des parcours riches de gens qui viennent du même endroit, oui, c’est inspirant et encourageant d’un point de vue personnel », mentionne Gabrielle Gingras. 

Depuis la fin de ses études à l’Université Concordia, les projets s’enchaînent. « Les plateaux n’ont plus de secrets pour moi », affirme-t-elle déjà, et si l’humour semble occuper un espace prépondérant, c’est le cinéma jeunesse qui exerce une véritable fascination pour l’artiste de 25 ans. 

UNE OPTION POUR LA JEUNESSE 

« J’adore le cinéma jeunesse. C’est un genre qui fait rêver, qui fait qu’on peut s’imaginer sur des nuages, quelque chose qui peut aussi être apprécié de tous », affirme-t-elle. 

Sans dire qu’elle prendra le relais des « Contes pour tous », elle n’exclut pas de poursuivre dans cette veine. Son court métrage Le temps des orages sera présenté cet automne et s’inscrit dans cette lignée. Ce court film d’été, incarnant toute la fraîcheur d’un air de jeunesse, se déroule au Témiscamingue et séduit par son propos charmant et le jeu des jeunes acteurs qui incarne les petites joies et l’insécurité de l’enfance.  

« Je ne voulais pas recréer le Témiscamingue ailleurs qu’au Témis », affirme-t-elle, ajoutant avoir convaincu son équipe de se déplacer loin des plateaux très centralisés de Montréal. Ou plutôt, « mon équipe a accepté de se faire kidnapper au Témiscamingue », rigole-t-elle.  

Ce tournage est non seulement ancré dans sa région d’origine, mais aussi dans sa trame personnelle. Le scénario s’inspire de ses propres souvenirs. Tous les personnages portent d’ailleurs les véritables noms des membres de sa famille, y compris la cadette de l’histoire, qui s’amuse de tout comme de rien, dans un monde qui lui appartient. 

« La petite Gabrielle, c’est un peu moi. C’est un film sur l’importance d’apprendre à se faire confiance, mais aussi sur ce sentiment d’être paralysé face à des peurs plus grosses que ce qu’elles sont. C’est un pas vers l’avant pour grandir », explique-t-elle d’un ton d’une impressionnante maturité. 

SOUVENIRS ET DISTRIBUTION RÉGIONALE 

Sa fierté? Une distribution entièrement régionale. Elle a mené elle-même le processus d’audition après un appel sur les réseaux sociaux et a fait des rencontres sur la plateforme Zoom avant de mener des auditions. 

« Les enfants retenus sont tellement purs dans leur jeu. Ils ont beaucoup joué, durant le tournage, en plus de jouer les scènes. On se casse souvent trop la tête, les enfants jouent et ils le refont ensuite », raconte-t-elle visiblement charmée par le travail de ses jeunes acteurs. Outre les enfants, on retrouve la comédienne et conteuse Mélanie Nadeau, Mathieu Bourque du Théâtre de la loutre et cousin de Gabrielle Gingras, de même que Jacinthe Girard, sa tante et muse proclamée. 

« Ma tante… elle est si naturelle et expressive, c’est un genre de muse, un personnage farfelu », dit-elle avant d’ajouter que l’action se déroule près du chalet où elle a grandi. 

« Personne n’a encore vu le résultat final. Je veux garder la surprise, tant pour ma famille que pour les jeunes. Pour ma famille, je suis la seule dans le milieu des arts et du cinéma. Je souhaite leur montrer le résultat dans les meilleures conditions », dit-elle, Son vœu sera exaucé puisqu’elle a été sélectionnée dans le volet Jeunesse André-Melançon au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. 

Pour la suite? L’écriture au cours de l’automne et déjà un autre projet qui se profile sur l’écran radar, avec pour titre de travail Miss Météo… 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.