Ses combats sont aussi vastes que ses intérêts ou comme le nombre de projets qu’elle peut lancer ou mener de front. Telle une équilibriste capable de jongler avec le temps, les responsabilités ou les causes qui méritent d’être défendues, Geneviève Béland embrasse la culture avec un grand « C » et place l’environnement au centre des priorités. 

« Je voudrais davantage de solidaires », souffle-t-elle, espérant voir émerger des forces capables de s’unir. Loin de se voir comme un porte-étendard ou une figure de proue, elle adopte plutôt une position de leadership pour tenter de fédérer les gens. 

On la retrouve d’ailleurs au sein du nouveau Conseil régional de développement de l’Abitibi-Témiscamingue (CRDAT). « Un de mes moteurs, c’est l’Abitibi-Témiscamingue. Je suis une grande régionaliste », affirme-t-elle. 

Crédit photo : Bruno Crépeault

Voir l’humain qui essaie de se sauver de situations qu’il a lui-même créées la fascine. Pourtant, le militantisme ne se profilait pas dès le berceau, à La Sarre. Geneviève Béland confie que ce n’était pas quelque chose d’ancré dans son milieu ou dans sa famille. Elle suggère plutôt avoir été sans doute « disposée à l’indignation », un peu comme s’il s’agissait d’un « filage » interne. 

En faisant preuve d’introspection, Geneviève Béland avance que son désir d’engagement découle peut-être du fait de s’être exilée à Québec, puis à Montréal, afin de poursuivre ses études. C’est à son retour que cette voie est devenue sienne. « De revenir et s’apercevoir qu’à notre échelle, on a un impact fait partie de la motivation. Selon moi, c’est dans les paliers de proximité qu’on voit que les gestes posés font la différence. Et si je sens qu’il me manque quelque chose, je vais travailler pour faire en sorte que ça existe », résume-t-elle avec une détermination naturelle, sans hésitation. 

Depuis 2023, elle s’implique aussi dans l’organisation Mères au front et s’investit plus précisément auprès d’une cellule locale à Val-d’Or. « Cet engagement-là me tient à cœur. Quand on parle de développement, on part toujours des trois sphères : l’environnement, l’économie et le social. L’urgence climatique est vraiment quelque chose qui m’habite, alors je crois vraiment que l’environnement ne peut qu’être prioritaire », insiste-t-elle. 

Crédit photo : Marie-Claude Robert

Geneviève Béland ne craint pas de s’investir, mais avec mesure. À la barre de Papachat et filles, comme cocréatrice pour ce projet de production d’événements, elle reconnaît que l’organisation a pris un peu de recul. « Au moment de lancer Papachat et Filles, on ressentait qu’à Val-d’Or, la vie culturelle était très axée sur les festivals et surtout concentrée dans la période estivale, avec un peu d’événementiel en marge. On voulait faire de petits événements très originaux, très humains. Des rendez-vous qui n’étaient pas de gros festivals sur trois jours avec des commanditaires », résume-t-elle, ajoutant que depuis, le contexte a changé. 

S’adapter, analyser les besoins, garder de vue la pertinence. Sans les clamer, on devine qu’il s’agit de principes de fonds pour Geneviève Béland. Ces mêmes règles s’appliquent également pour le projet de balado Quand pensez-vous? qu’elle anime avec ses complices et amis Paul-Antoine Martel et Francis Murphy. « C’est un de mes projets qui me fait énormément de bien. Je le fais avec des amis très proches et on le fait aussi pour se faire plaisir à nous. On choisit des invités qui nous animent, qui nous intéressent. On le fait sans stress ». Prochain rendez-vous 22 avril, pour le Jour de la Terre. 

Crédit photo : Marie-Claude Robert

SORTIR DE L’OMBRE 

Après onze ans à travailler au Service culturel de la Ville de Val-d’Or, à être gestionnaire et cocréatrice de PapaChat et filles (production d’événements), à avoir été la première coordonnatrice engagée du Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT), Geneviève Béland a choisi de faire le saut à l’avant-plan, non sans hésitation, pour briguer la présidence du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue. « J’avais, jusque-là, une belle carrière de vice-présidente, mais alors je me suis lancée. Je pense que, quand on y va, on est vraiment prête ». Elle a été confirmée dans ce nouveau titre en septembre 2019.

Crédit photo : Serge Bordeleau

UN LIVRE DE CORRESPONDANCES SUR LE MILITANTISME 

Elle a un autre projet, nourri à un rythme lent d’introspection : une correspondance avec Henri Jacob, militant bien connu de L’Action boréale. Ce livre, dont le titre de travail est La dernière si on la perd, sera publié très bientôt par les Éditions du Quartz. Cet essai à quatre mains fait référence à la lutte pour l’environnement. Cette lutte, si on la perd… quelle serait la suite? C’est un peu l’idée de départ du dialogue entre deux générations, deux types de militance, des visions entremêlées. « J’ai adoré faire ce projet avec lui. J’ai mis mon chapeau de Mères au front et on a échangé sur le pourquoi on fait ça. Pourquoi on met autant de temps? Beaucoup de questions aussi par rapport au fait de ne pas être optimiste et de voir la réalité en face. En même temps, si on n’était pas optimistes, on ne s’impliquerait pas autant non? », indique-t-elle. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.