Comme l’indique le titre, Gratitude, la reconnaissance est au cœur de la démarche d’Annie Gilbert, mais cette autobiographie aurait tout aussi bien pu s’intituler résilience, persévérance, détermination, bienveillance, acceptation ou amour, parce que ce sont toutes des valeurs qui émanent de cette histoire à la fois humaine, touchante et instructive. 

Le 27 janvier 1966 naît Annie Gilbert à l’hôpital Youville de Noranda. La nouveau-née, originaire de Sainte-Germaine-Boulé, contracte une méningite aux lourdes conséquences. La petite développe une hydrocéphalie, soit une accumulation excessive de liquide céphalorachidien causant une augmentation du volume de la tête. Ce trouble du cerveau peut mener à de graves séquelles comme, entre autres, le strabisme, la cécité, l’épilepsie, les troubles de motricité et de coordination, les troubles d’apprentissage, de langage et de mémoire… Cette autobiographie se veut donc un compte-rendu détaillé du parcours médical de l’enfant, de sa naissance jusqu’à son congé en neurochirurgie, en 1978. 

LA DÉMARCHE DE L’AUTEURE 

En 2021, après 34 ans de carrière comme infirmière, Annie Gilbert ressent l’appel de l’écriture. C’est alors qu’elle replonge dans les premières années marquantes de son enfance pour recoller et bien comprendre chacun des morceaux de ce qui a été sa réalité et celle de ses proches à cette époque où le trajet entre l’Abitibi et l’hôpital Sainte-Justine de Montréal prenait 17 heures en train, où l’assurance-maladie ne figurait pas encore au nombre des programmes gouvernementaux, où l’enfant était souvent seule à l’hôpital parce que le père devait subvenir aux besoins de sa famille et que la mère avait toute une marmaille qui l’attendait à la maison, où la pratique en médecine était à des années-lumière de la technologie d’aujourd’hui… 

Derrière cette foulée de découvertes se cachent de véritables fouilles archéologiques qui rappellent les étapes d’un pèlerinage. Pour reconstituer le casse-tête, Annie Gilbert a joué les recherchistes en décortiquant toutes les notes inscrites à son dossier médical, en vulgarisant le langage scientifique afin d’en faciliter la compréhension, en tentant d’expliquer le choix de certaines interventions médicales, en retrouvant le personnel hospitalier qui l’a accompagnée dans sa maladie ainsi que les personnes bienveillantes qui ont croisé sa route, en interrogeant celles et ceux qui gardent des souvenirs de cet épisode, en retournant sur chacun des lieux qu’elle a fréquentés pendant sa maladie… Voilà un travail laborieux qui a nécessité de multiples démarches auprès d’archivistes, de juristes, de spécialistes du domaine de la santé, etc.  

Dans cette démarche qu’elle qualifie de thérapeutique, l’auteure porte un regard historique sur la réalité d’autrefois en comparaison à celle d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne le mode de vie, les mœurs, le transport en commun et les soins de santé. De cet écrit qui sort du cadre de la « littérature médicale », on retient la gratitude infinie d’Annie Gilbert envers tout ce que la vie lui a apporté de magnifique dans ce qui aurait pu lui être fatal. Comme elle le dit si bien : « Avec les pierres rencontrées sur notre route, il est possible de choisir de construire des ponts au lieu d’ériger des murs. » 


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.