Le projet germait quelque part, mais n’avait jamais suivi son filon, jusqu’à ce que se dessine cette ligne d’arrivée portant le titre Transcender les hivers, le premier roman de Christian Villeneuve.  

« Écrire pour créer et m’exprimer, ça faisait un moment que j’avais arrêté. Le défi collectif “À 190 mots de distance” m’a remis là-dedans », raconte Christian Villeneuve. Cette initiative avait été lancée pendant le premier confinement, en 2020. Devant la menace que posait la pandémie et la prolifération de cas de COVID-19, le gouvernement avait décrété un « grand confinement » de 190 jours. Après ça, la formule est connue, tout devait « bien aller ». 

La grande majorité du Québec étant coincée à l’intérieur – sauf pour quelques permissions et les exceptions pour les services essentiels –, la vie en captivité a pesé lourd. Afin de décloisonner les esprits, un défi littéraire, prenant la forme de textes sous différentes thématiques ou difficultés de style ou de rédaction, a été lancé sur Facebook. Christian Villeneuve, à qui les activités du gym Momentum étaient alors interdites, s’est remis à l’écriture. « J’arrive comme un coach sportif dans ce monde-là… Chaque personne a plusieurs aspects en elle-même », avance-t-il, affirmant qu’il se sent de moins en moins imposteur dans ce nouveau rôle d’écrivain qu’il continue d’apprivoiser. 

« C’est un livre qui me ressemble, avec des lieux que j’ai connus, des situations aussi, mais ce n’est pas mon histoire à moi. Cela dit, je ne suis pas à l’aise avec la science-fiction ou avec l’enquête, donc oui, il y a de l’identité et tout un volet sur les relations interpersonnelles », nuance-t-il. 

Transcender les hivers, publié par La Note verte, a été classé « littérature jeunesse ». Ce n’était pas forcément volontaire toutefois. « Je n’ai pas écrit une histoire jeunesse, mais vu que ça se passe autour de l’adolescence, avec de jeunes adultes, et en raison de la thématique, je comprends cette décision », note l’auteur.  

SPORT, ROMANCE ET TRAGÉDIES 

Christian Villeneuve écrit comme il aime lire : avec du rythme. La trame offre quelques allers-retours dans le temps et la cadence est courte entre les chapitres. L’ensemble se lit bien, sans trop de complexité. Les enjeux sont contemporains et traduisent cette hantise du regard ou du poids du jugement d’autrui. 

« Je portais cette histoire depuis un moment. C’est sûr que ma réalité d’adolescent ou de jeune adulte n’est plus la même aujourd’hui, mais je pense que cette insécurité par rapport aux autres est toujours bien présente. Dans mon roman, le personnage principal a lui aussi un côté caché qu’il n’ose pas assumer parce que c’est un joueur de hockey, parce qu’il écrit des poèmes, parce que ce serait sans doute mal vu… Cette crainte est assez universelle. Aujourd’hui, plusieurs vivent leur “best life on line”, mais en arrière, qu’est-ce qui se passe vraiment? » 

SITÔT SORTI, SITÔT DANS LA LISTE SCOLAIRE 

Bon élève, Christian Villeneuve reconnaît avoir travaillé ses textes, notamment avec Josiane Toulouse, une coach d’écriture. « J’aime prendre les émotions et les sentir à travers les personnages », précise-t-il. 

Il a ensuite envoyé son manuscrit à plusieurs maisons d’édition, reçu quelques refus, souvent aucune réponse, puis le comité de sélection de La Note verte a accepté sa proposition et lui dessine en plus un plan de tournée scolaire! Dix enseignants du secondaire ont déjà inscrit le livre à leur plan de cours, huit en Outaouais, un à Valleyfield et un au Témiscamingue. Des fiches pédagogiques ont été préparées afin de favoriser les échanges et une tournée jeunesse se mettra aussi en branle en marge du Salon du livre de l’Outaouais. 

« J’ai hâte d’entendre ce que les jeunes vont avoir comme réflexion. Quand on écrit, ce que je ne soupçonnais pas, c’est la rétroaction. Des gens font des liens ou voient des choses que je n’avais même pas vues ou pensées au moment d’écrire. Et puis, je réalise que je dois aussi apprendre à écouter les lecteurs plus qu’à tenter d’expliquer ce que j’ai écrit », dit-il avec une certaine fascination. 

La glace brisée, Christian Villeneuve annonce déjà avoir une deuxième ébauche. Pas forcément une suite, mais une histoire parallèle qui viendra se juxtaposer à ce premier roman. 

« Il faut trouver son fit, et ne pas se décourager », conclut le coach sur les démarches qui l’ont mené vers ce premier livre. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.