Remontons à la fin du mois d’août dernier. La campagne électorale s’amorce sous un beau ciel bleu. Pour donner le ton, le candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans l’Assomption, et premier ministre sortant, François Legault, annonce ses premiers engagements. 

Il garantit que, en cas de réélection, son parti remettrait 600 $ à toute personne gagnant moins de 50  000  $ par année. Les personnes dont le revenu se situe entre 50 000 $ et 80 000 $ recevraient, pour leur part, un chèque de 400 $. Ces montants devraient être envoyés en décembre… et aideraient à traverser la pénible période d’inflation. 

Six cents douilles « claires », c’est de l’argent en maudit! Ça aide à payer le chauffage, le loyer, l’hypothèque ou à acheter de bons vêtements d’hiver aux enfants. On pourra faire réparer une dent, mettre de la bonne nourriture sur la table ou rembourser les nouveaux pneus grâce à ce cadeau. Avec quatre cents douilles, on pourra faire de plus de beaux présents, passer des Fêtes un peu moins à crédit, changer d’ordinateur ou aller voir la parenté au Lac-Saint-Jean. 

Les dernières élections ont donc commencé avec des promesses de ce genre. Elles font partie de ce que la CAQ appelle le « bouclier anti-inflation ». Celui-ci comporte aussi des baisses d’impôt et des montants pour les personnes aînées les moins fortunées. Ainsi, on fera passer à 2 000 $ maximum l’allocation destinée aux personnes âgées de 70 ans et plus qui ont un revenu annuel de moins de 24 195 $. Assurément, ces sommes-là combleront un paquet de besoins en ces temps où les banques alimentaires croulent sous les demandes d’aide. C’est possible qu’elles expliquent en grande partie la vague bleue du 3 octobre dernier. 

Moi, je veux bien qu’on aide les gens. En fait, je veux juste ça. Mais, si en plus les impôts baissent, on diminuera les revenus de l’État. Or, de l’argent, il va en falloir aussi pour rénover nos écoles. Ça va en prendre pour réduire le nombre d’élèves par classe, pour mieux payer les enseignantes et enseignants et pour engager plus de spécialistes afin de soutenir les jeunes. On va avoir besoin de montants très importants pour embaucher et former du personnel dans nos hôpitaux. Ça va en prendre des moyens si on veut garder nos personnes aînées à la maison aussi longtemps que possible, non? Il y a une crise du logement. On va les trouver où les millions nécessaires à la construction de logements sociaux? À part ça, il faut s’adapter aux changements climatiques tout en affrontant ces phénomènes météo de plus en plus nombreux, sévères et inquiétants. Ça en fait de l’ouvrage! 

Évidemment, on peut croire que, chacun de son bord, on pourra s’en sortir. Le genre de pensée qui nous donnera de l’air pur sans imposer de normes… 

Au Québec, l’avenir est maintenant vague et bleu pâle. Les cadeaux qui viennent parent au plus urgent, mais se font sans réflexion sur notre avenir, et celui de nos enfants. Alors, je veux bien, mais quel prix paierons-nous vraiment si nous continuons à surfer ainsi?


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