Ayant travaillé uniquement en forêt publique, étant amatrice d’activités de plein air en forêt et étant devenue propriétaire assez tardivement dans ma vie, ce n’est que dans les dernières années que j’ai pu me préoccuper du sort de la végétation dont j’étais devenue responsable.
Considérant que les propriétaires résident en moyenne dix ans au même endroit, on ne peut qu’hériter de l’arbre planté auparavant et s’en accommoder ou encore en planter un nouveau et ne jamais le connaître à maturité, un stade qui sera légué au propriétaire suivant et qui sera parfois atteint longtemps après notre déménagement. Les arbres font en quelque sorte partie d’une propriété. Ils participent au décor et au charme de nos milieux de vie. Ils influencent la valeur de nos propriétés, et leurs avantages supplantent souvent leurs inconvénients.
Les bénéfices des arbres en ville sont nombreux et ont été amplement dépeints dans les médias. Néanmoins, il faut assumer certains désavantages et les gérer à long terme pour s’assurer d’en tirer le maximum, et de justifier leur présence auprès du voisinage, ce qui n’est pas toujours une mince affaire!
Il existe actuellement peu de données décrivant la durée de vie des arbres en milieu urbain ou les causes de leur mort. De nombreux facteurs entrent en jeu. En fait, on sait souvent pourquoi on les abat, mais on en sait encore peu sur les causes de leur dépérissement, parfois subit.
En milieu urbain, les arbres sont souvent isolés et ne profitent pas de la protection de leurs congénères, comme c’est le cas en forêt. La surface du sol est souvent imperméable (trottoir, asphalte, matériaux minéraux compactés). Les conditions climatiques peuvent varier grandement d’un emplacement à l’autre (niveau d’ensoleillement, ombre des bâtiments, chaleur reflétée par les immeubles, vent). Les hivers peuvent s’avérer plus rigoureux. Alors que le sol est déneigé, le gel peut pénétrer en profondeur. Sans compter les accidents qui surviennent avec les équipements de déneigement, la neige soufflée dans les branches et sur le tronc, ainsi que les amoncellements de neige compactée contre ces derniers. Il faut aussi tenir compte des épandages de produits de déglaçage qui, en grande quantité, deviennent toxiques pour les végétaux. Ce stress peut rendre les arbres plus vulnérables aux insectes et aux maladies.
L’emplacement est le plus grand point à considérer. Ce dernier doit pouvoir accueillir un arbre à maturité, présenter un espace suffisant en sous-sol pour le développement racinaire et comprendre des matériaux meubles et perméables à l’eau. Ces sites doivent offrir une distance optimale pour assurer une couverture de cime la plus continue possible afin de maximiser l’effet rafraîchissant. Créer de nouveaux espaces pour les arbres est également dispendieux.
Dans le cas de nouvelles constructions, les réglementations municipales décrivent les distances de marge de recul permettant de conserver de l’espace pour l’installation d’arbres. Dans le même ordre d’idées, les règlements concernant les bâtiments en porte-à-faux permettent de gérer l’espace disponible pour une cime d’arbre.
Pour les municipalités, la gestion des arbres nécessite une planification budgétaire à plus long terme. Si les villes tiennent désormais des inventaires des arbres municipaux, les données demeurent incomplètes en ce qui concerne les arbres sur les terrains privés. Il demeure difficile de déterminer la proportion d’arbres dans une localité.
Avec tous ces enjeux, on comprend bien que le choix de l’emplacement d’un arbre présente un joli défi. Au mieux, il est possible d’optimiser des bienfaits de la végétation par l’implantation dans un endroit adapté d’une espèce convenable, ce qui permettra d’assurer le développement de son plein potentiel. N’hésitez pas à vous informer auprès de l’association forestière et des spécialistes de votre MRC qui peuvent vous conseiller en matière de choix d’essence et d’emplacement tout en considérant les infrastructures souterraines en place.
VALÉRY SICARD, ING.F., AGENTE DE DÉVELOPPEMENT, ASSOCIATION FORESTIÈRE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (AFAT)