Dans une entrevue à la radio, Jérôme Dupras m’apprenait récemment qu’on parle maintenant d’effondrement climatique et d’effondrement de la biodiversité. C’est un mot dur, ça frappe, mais ça résonne beaucoup plus fort que « changements » climatiques. C’est certainement une leçon que nous aurons apprise avec la crise mondiale : les mots employés doivent être durs pour être écoutés et appliqués. L’Organisation des Nations unies (ONU) parle plutôt d’une triple crise environnementale à laquelle l’humanité fait face : les changements climatiques, la pollution et la perte de biodiversité.

La crise sanitaire mondiale actuelle nous aura très certainement révélé que nous n’étions pas prêts à affronter ce type de crise. Le parallèle est très facile à faire avec la crise environnementale actuelle : sommes-nous prêts? Évidemment que non. Jusqu’à récemment, les impacts des changements climatiques n’étaient sans doute pas très tangibles pour la population québécoise. Peut-être que les événements des derniers mois auront éveillé les consciences : mortalité sans précédent chez les abeilles, canicule interminable en Europe, tornades au Québec, orages violents qui causent des dégâts et des pannes, pluies abondantes qui donnent des maux de tête aux agriculteurs, etc. Au Québec, en 2040, on pourrait compter jusqu’à 20 jours dépassant les 32 °C, comparativement à 3 il y a une décennie. L’effondrement climatique fait déjà pression sur notre production agroalimentaire, la santé de notre population, la disponibilité en eau potable, même au Québec où nous nageons dans l’abondance. Parler d’environnement et de crise climatique, c’est parler nécessairement de santé, d’économie, de fonds publics, de sécurité civile, de qualité de vie.

Les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés abordent les droits fondamentaux des générations futures du droit à la vie et à la sécurité. La Charte québécoise mentionne même à l’article 46.1 que « toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité ». Sur le plan mondial, le 28 juillet dernier, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution historique voulant que l’accès à un environnement propre, sain et durable soit un droit humain universel. Voilà donc une organisation supplémentaire qui souligne que l’inaction climatique de nos différents paliers de gouvernement met en péril nos droits fondamentaux.

L’Abitibi-Témiscamingue n’est pas épargnée par la triple crise environnementale, et celle de la pollution dans le secteur de Rouyn-Noranda, occupe beaucoup d’espace médiatique depuis quelques semaines. En pleine forêt, à plusieurs centaines de kilomètres des grands centres urbains, la pollution atmosphérique causée par la fonderie Horne a des répercussions sur toutes les tranches d’âges de la population, la faune, la flore, la qualité des milieux humides et hydriques, etc. Tristement, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique est la principale cause de maladie et de décès prématurés dans le monde, causant la mort de plus de sept millions de personnes annuellement.

Alors que l’inaction environnementale menace l’ensemble des sphères de notre société, pourquoi l’environnement n’est-il pas toujours inclus dans le discours de nos politiciens? Des propos politiques courageux, mais nécessaires, raisonnent dans ma tête depuis mai 2019. La ministre déléguée au Développement économique régional avait alors dit en ondes : « Pour moi, c’est clair que j’ai une préoccupation davantage au niveau de l’environnement et de l’acceptabilité sociale […] l’économie peut attendre. »L’économie attendra. Un discours qui devrait trouver écho auprès des candidates et candidats dans la campagne provinciale actuelle. D’ailleurs, elle en est où cette campagne électorale? Souhaitons-nous des députées et députés engagés, proactifs ainsi qu’une ou un ministre responsable de la région qui défend les droits fondamentaux de ses citoyens?