Le 21 mai dernier, il s’est produit à La Morandière quelque chose d’à la fois incomparable et de traditionnel, et qui promet d’être répété : un plancher de danse qui embrase un fond de rang au rythme d’une musique endiablée des heures durant. Le tout dans une atmosphère invitante, amicale et entraînante qui s’avère, au terme de l’exercice, agréablement apaisante. Bienvenue aux Petits chanceleurs du lac pas de fond.

Notre hôte, Dylan Perron, lui-même barde prodigieux, nous explique : « Le fait de convier les gens de la région à des concerts-salons ruraux, c’est unique. » Dès l’arrivée, on constate les efforts consacrés à laisser les gens vivre paisiblement. Un feu qui réchauffe les convives. Des chiens qui courent. Des tentes parsemant le site, annonçant des repos brefs, mais sereins.

Pour les références, c’est le lieu – ou plutôt la maison de nos hôtes – qui porte le nom de « Petits chanceleurs du lac pas de fond », au fond d’un bucolique rang de la célèbre municipalité nordique. Et en cette soirée de long congé de la fête des Patriotes, l’événement musical porte le nom de « Grand Déwinche », quatrième du nom. L’alignement partant impressionne : Les Chiens de ruelle, suivis de Bosko Baker. Deux groupes bien établis qui en mettront plein la vue et qui, d’ordinaire, se produisent hélas peu dans nos villages.

Mais c’est précisément ce qui fait la marque des Petits chanceleurs. Sa capacité de proposer une programmation diversifiée et soutenue sur le plan musical, campée dans un décor qui surclasse – à notre avis – les salles urbaines qui promettent de durs retours à la réalité sur le béton et l’asphalte à la fin des soirées. « Ici, ça permet de voir ce que l’Abitibi est vraiment. Quand on sort d’un bar, ce n’est pas la même ambiance que quand tu sors ici sur le bord du feu et du cap de roche », se targue Dylan Perron.

Celui-ci insiste beaucoup sur la communauté de gens de tous les horizons qui se crée d’événement en événement, alors qu’on approche déjà de la dizaine depuis l’inauguration. On comprend vite la volonté que les Grands Déwinches bisannuels et structurés, en mai à la fête des Patriotes et en octobre à l’Action de grâce, agissent à titre de lancement et de clôture de la route des festivals de la région.

Et au-delà de ces points d’orgue, les Petits chanceleurs en rajoutent cette année tout au long de la période estivale. Ainsi, avant le prochain Grand Déwinche du 8 octobre, qui mettra en scène Pétunia B.C., les partisans des notes folk, rock, trad et blues pourront notamment assister aux prestations de Dan Livingstone le 2 juillet, de Charles Trudel le 29 juillet et du Winston Band le 26 août. Et déjà, on évoque la tenue d’événements hivernaux. D’ailleurs, les lieux se prêtent tout à fait aux propositions de vernissages, de pièces de théâtre, de récitals de poésie, de joutes d’improvisation…

Le tout fonctionne sur contribution volontaire, et ce, dans une ambiance accueillante, en nature, où l’on chante sur la terrasse extérieure avant le spectacle qui se prolonge invariablement jusqu’aux petites heures, guidé par les jams des musiciens invités et de notre hôte.


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