Plusieurs raisons peuvent nous porter à vouloir retrouver des photos de famille des générations précédentesPour ma part, je savais que des photos de la famille Wiscutie-Diamond existaient, mais elles sont plutôt rares. Javais déjà vu des photocopies de mauvaise qualité, il y a plus de vingt ans, mais je ne m’étais jamais vraiment demandé où elles pouvaient se trouver 

 

En mettant de l’ordre dans ma documentation personnelle durant le confinement de l’été dernier, je suis tombée sur la copie d’un manuscrit rédigé par Harold Pommerehnke intitulé Experiences and Observations Among the Lake Simon Algonquin and the Waswanipi Cree – Early 1950’s [Expériences et observations des Algonquins de Lac-Simon et des Cris de Waswanipi au début des années 1950]Dans les premières pages, l’auteur mentionne avoir remis cet écrit aux archives du Musée de la civilisation de Hull afin de rendre accessible aux générations futures une partie de l’histoire canadienne. En le parcourant, j’ai remarqué plusieurs photos de membres de ma famille. Après quelques semaines, jai entamé des démarches auprès du musée dans l’espoir daccéder à ces photos. Dans les jours suivant ma demandeon m’a transféré ces photos par voie électronique. En regardant ces images, j’ai ressenti une immense fierté et surtout, un sentiment de gratitude de pouvoir les partager avec les membres de ma famille. 

 

Pommerehnke, qui a vécu deux ans à Senneterre au début des années 1950, travaillait pour une compagnie de construction. Ses contacts fréquents avec les Anicinabek et les Cris lui ont permis d’en connaître un peu plus sur leur mode de vie. Bien que le point de vue transmis par l’auteur à travers ses observations puisse parfois sembler réducteur à l’égard des Premiers Peuples, particulièrement envers les femmes, son écrit demeure pertinent dans la mesure où il fournit des renseignements sur les familles qui vivaient sur leur territoire ancestral (et qui l’occupent toujours) ou qui étaient de passage à Senneterre. 

 

Déjà en 1952les photos témoignent que les familles autochtones se trouvant dans les environs de Senneterre vivaient des changementmajeurs dans leur mode de vie, notamment en raison de l’arrivée du chemin de fer, de la pêche commerciale intensive et de l’industrie forestière qui ont contribué à limiter, voire interdire, l’accès de ces familles au territoire et à ses ressourcesCette époque, marquée par la prolifération de la tuberculose, précède l’ouverture du pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery (1955) et la création de la réserve de LacSimon en 1962. 

 

Bref, ces précieuses sources d’information peuvent nous aider à réfléchir sur le passé et à comprendre qui nous sommes à travers ce que nos ancêtres ont vécu. Les écrits en particulier devraient être utilisés à des fins éducatives pour montrer, à l’état brut, une vision de l’époque qui n’était certainement pas neutre à l’égard des Autochtones. Ce nouveau regard sur le présent est un aspect essentiel de la vérité et de la réconciliation. 

 

Cette chronique est réalisée en collaboration avec Minwashin.