Ville-Marie a été privée cette année des activités phares de sa saison estivale, dont la fameuse Biennale internationale d’art miniature. Heureusement, grâce à l’initiative de la Galerie du Rift, les citoyens ont quand même pu admirer le talent des artistes régionaux et faire le plein d’art contemporain à même les rues de la ville.
Le projet d’art public dirigé par Émilie B. Côté, coordonnatrice du Centre d’exposition et directrice artistique des arts visuels au Rift, visait la création de trois œuvres qui embelliraient tout l’été le paysage de Ville-Marie. Émilie souligne que parmi les projets soumis, ceux qui ont été retenus – soit ceux de Zoé Julien-Tessier, Gabrielle Demers et Jacques Baril – offraient une vision résolument contemporaine, s’inscrivaient dans une démarche de grandeur et tenaient compte du territoire dans lequel ils seraient installés.
Émilie soutient que ce dernier aspect était au cœur de l’ensemble du projet. Elle cite en exemple Jacques Baril, qui a fait appel aux gens de Ville-Marie pour recueillir des objets miniatures qu’il a intégrés à son œuvre. « C’est donc une œuvre de Jacques Baril, mais c’est aussi une œuvre qui parle du Témiscamingue, de la culture au Témiscamingue », affirme-t-elle. À leur arrivée à Ville-Marie, les artistes étaient invités à se promener dans les rues de la ville pour choisir l’endroit dans lequel s’ancrerait leur œuvre. Ils avaient ensuite une semaine pour s’inspirer du lieu et exécuter leur création.
Zoé Julien-Tessier, qui a été la première à vivre l’expérience, garde un excellent souvenir de sa semaine au Témiscamingue. Son œuvre intitulée Les Joyeux, qui met en scène une série de personnages colorés, se voulait une réaction à l’isolement des derniers mois, un appel au bonheur. Le choix du lieu où se déploierait son œuvre l’a poussée à construire quelque chose d’encore plus grand que ce qui était prévu au départ et à s’adapter à la lumière extérieure et aux couleurs environnantes. Pour elle, produire une œuvre d’art public était très stimulant : « Il s’agit de projets moins communs. Puisque c’est vu par des passants dans la rue, ça nous pousse à exploiter des thèmes différents de ceux qu’on choisit pour une exposition dans un centre d’artistes, par exemple. »
Au fil de la réalisation des trois projets, Émilie s’est réjouie de constater la réaction positive des citoyens : « On était juste en train d’installer [une] structure en bois et les gens arrêtaient pour nous dire qu’ils trouvaient ça beau […] juste qu’il y ait des changements, des nouveautés […] dans leur village, ça créait beaucoup de curiosité. […] Ça crée des rencontres improbables, car c’est dans des lieux où il n’y a pas d’art habituellement », conclut-elle.
Les trois œuvres demeureront en place jusqu’à la mi-septembre.